ANGKOR et SIEM REAP
4 décembre 2014"La voila enfin cette basilique fantôme, immense et imprécise ensevelie sous la forêt tropicale", écrit Pierre Loti dans "Un pèlerin d'Angkor."
Imaginez que l'Empire Khmer (IX au XVI siècle) s'étendait sur la Thaïlande, le Laos, le Vietnam, et le Cambodge et comptait alors 2 millions d'habitants.
L'effondrement de cette civilisation serait dû à des désastres écologiques tels qu'inondations, déforestation et surpopulation. Ces mots sonnent étrangement actuels, non?
Aujourd'hui ce lieu mythique s'offre enfin à mes crayons et j'assiste à la lutte imparable du végétal sur le minéral. Fascination de la découverte.
Nous commençons par acheter un pass individuel à 40 $ qui donne droit à 7 jours de visite. Une photo de ma bobine et hop, un Angkior Pass ° 0786476 s'imprime.
Pénétrons par la porte d'entrée Nord de la Capitale Angkhor Thom (XIII Siècle)
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Preah Khan |

Ici, d'immenses fromagers dévorent goulûment les temples dont quelques entrées monumentales subsistent, on sent l'appétit d'ogre de Dame Nature peu disposée à céder sa place sous le cobalt du ciel, les crissements des insectes et l'humidité de l'air chargé d'électricité.
De plus en plus exubérante, la végétation s'en donne à cœur joie pour enlacer sauvagement les murailles et tisser sa terrible toile de branches, racines, jusqu'à l'étouffement. Je vous présente Ta-Som. Il crie Au secours depuis longtemps mais rien n'y fait, il se fait submerger, happer, menacer, dévorer, mais le plaisir des yeux subsiste, égoïstement.
16h 10. Dans un silence proche de la méditation, apparaissent les tours sculptées d'énormes visages sur les quatre faces :
Ta-Phrom.

Des sourires énigmatiques et des yeux fendus semblent nous toiser ironiquement. Mon imaginaire emprunte un chemin initiatique peuplé de personnages et d'animaux inconnus légèrement effrayants. Le recueillement s'interrompt brutalement ! un terrible vacarme me vrille soudain les tympans : c'est la stridulation infernale des cigales d'Angkor qui démarre en plein après midi. On est vraiment sur un étrange planète.

Continuant le site de Ta-Prom (le Monastère du roi) d'autres palais enfermés à jamais nous contemplent.
Et puis, bien sûr, il y a Angkor Wat, forcément, l'image d'Epinal s'impose d'elle même.
Classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco, le lieu vaut forcément la visite même si ce n'est pas mon site préféré. Mais quand même, c'est magique.
Je n'ai pas résisté à l'envie de changer un peu les couleurs de ma photo, juste pour l'imaginer au temps du peuple Khmer du XIème siècle.
5 décembre 2014 : Arrivées dès l'ouverture du site, nous nous installons au BAYON, juste en face des immenses tours sculptées de visages de pierre. Sous le soleil matinal, le spectacle grandiose appelle à la sérénité et au silence. Soudain, une marée de touristes chinois envahit la place, piaillant comme des corneilles et se postant sans vergogne devant notre sujet, courant partout; on se photographie par grappe et vas-y que je me fais un selfi...horrible!
C'est l'effet pervers, la rançon du succès d'Angkor. Comme on aimerait être seuls ici.
Cité mystérieuse, montagne magique, le Bayon est le temple le plus fascinant d'Angkor. D'abord, on ne discerne que de vagues formes, puis le regard s'affûte, hypnotisé et on découvre une forêt de 216 visages souriants, impassibles, calmes et sereins. Et bien sûr, les Chinois rappliquent! Grrrrrrrrrr!!!!
6 décembre 2014 : Notre dernier jour sur le site d'Angkor verra son point d'orgue.
D'abord, le Baphuon (l'ancêtre caché) temple montagne à 5 gradins. Il était autrefois recouvert de bronze doré.

Je ne résiste pas à l'envie de dessiner ces magnifiques Apsaras "celles qui glissent sur l'eau".
Divinités connues pour leur beauté, elle figurent sur les bas-reliefs d'Angkor.
D'ailleurs Malraux ne s'y est pas trompé, qui vola plusieurs pièces en 1923 avant d'être arrêté, emprisonné puis relâché après restitution et salamalecs diplomatiques!

Pour ma part, je trouve que les nouvelles Apsaras, ce sont ces 2 fillettes gracieuses croisées le long du chemin.

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Détail de Banteay Srei |
Notre guide nous propose de nous conduire à Phnom Kulen.C'est un site sacré de pèlerinage et le lieu de naissance du Cambodge en 802.
Après une heure de marche dans les sous bois, nous arrivons à "la rivière aux 1000 lingams" sculptés dans le lit de la rivière. Une petite cascade laisse deviner des visages de Bouddah et invite à la fraîcheur.
L'enfant dessiné n'est pas celui de la photo, vous l'aurez compris.

Nous restons encore une petite journée à Siem Reap et partons visiter la ville et faire nos emplettes de filles.

Les rues sont très animées, les façades colorées de style colonial se succèdent; je confirme que c'est le royaume des deux roues, les scooters ont la côte.
Une jeune femme tout près de moi me regarde dessiner et naturellement, entre dans mon carnet; elle s'appelle Dané.

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une ruelle de Siem Reap |

Et comme je pars quelque temps , on se retrouvera fin septembre.
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