Ouzbekistan- Boukhara

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jeudi 31 décembre 2015

Dernier jour au village avant Marrakech

 

Vendredi 18 /09/2015 : Notre dernière journée au village avant le retour  à Marrakech samedi matin.

Le soleil nous invite à dessiner au village, on trouve toujours source d'inspiration ici.
Quelques petites filles nous voient arriver et courent vers nous. "Touda, Madame?"
La petite Aïcha, haute comme 3 pommes a les cheveux libres et terriblement bouclés-emmêlés.   "Profite bien Aïcha, tes cheveux sont à l'instar de ta liberté temporaire". Dans quelques mois, sans doute, le foulard cachera ce vent d'insoumission qui auréole ce joli minois.


 

 

Brahim nous a invitées à manger chez lui.  Touda possède un cachet berbère très plaisant, propre et agréable à vivre avec quelques touches de décoration minutieusement choisies. Forte de cette "image" j'essaie d'imaginer la maison de Brahim, naïve à souhait.
Rien à voir, il s'agit d'une maison traditionnelle construite depuis longtemps où l'on se préserve du soleil et de la lumière. Tout est sombre, Fatima dans la cuisine, n'en sort pas. Nous avons emmené quelques livres en français pour les enfants.
Nous sommes conviées à entrer au salon au plafond peint de motifs berbères; assises sur les tapis nous attendons patiemment. Le beau frère de Brahim mangera avec nous le bon tajine préparé en cuisine par" la grande absente". Les femmes ne mangent pas avec les hommes, sauf les invitées.
 
Omar (14 ans) fils ainé nous est présenté par son père. Il est beau comme un astre!  Il n'aime pas l'école et a décidé de rester désormais au village comme sa sœur cadette (12 ans). Il ne veulent pas aller au collège. Etrange décision quand on voit l'évolution de Brahim à travers son engagement à Touda, il est l'exemple même d'un débouché réussi grâce au tourisme. J'essaie de motiver  un peu Omar  pour lui faire comprendre l'importance des études même et surtout au fin fond de l'Atlas.
 
Bah! Le tajine est délicieux, gardons cette image heureuse... Retournons une dernière fois à l'Ecomusée dessiner quelques pièces intéressantes de la vie rurale.
 
 
 Je m'étais promise de faire un panoramique de Touda avant de partir, c'est chose faite! Sur la terrasse il est 17 heures, le soleil décline... Aquarelle rapide mais efficace.
 
 
 
En fin de soirée, j'ai pris Rendez-vous avec Najma pour le Hammam et Nikki se joint à nous.
Nous partageons Touda depuis 3 jours avec un couple d'américains très sympas , Josh Clapper et Nikki,  pas du tout " American way of life" classique,  ils voyagent 6 mois par an avec leurs 2 enfants, un garçon de 5 ans Cairo  et une petite fille de 7 mois.
 
C'est un beau moment de partage cette soirée-Hammam. Nous nous frottons réciproquement au savon noir, Najma nous asperge de seaux d'eau chaude et nous masse avec application et fermeté. C'est un instant "hors du temps" où les complicités féminines se tissent en silence avec respect et empathie. Les corps brillent d'humidité sous les derniers rayons du soleil qui balaie la pièce. Tout est simple, nudité et partage du bain au féminin. J'imagine un instant le regard d'un sculpteur ou d'un peintre surprenant  quelques formes généreuses éclaboussées de gerbes d'eau. 
On en ressort apaisées et heureuses. Belle fin de séjour.
Du coup, forts de ce bon moment, Josh, Cairo et Brahim prennent la place juste après nous.
 
 
Samedi 19/09/2015 - Le taxi arrive à 10 h comme prévu.
Nous prenons congés de nos hôtes et des Américains en échangeant nos mails, Josh descend nos valises dans sa voiture tout terrain et nous nous quittons heureux de cette parenthèse nature, ressourcées et calmes.   Il le faudra pour affronter à nouveau Marrakech,  ville infernale.
 
Un grand merci à  Brahim pour son dévouement et sa gentillesse et pour Najma (qu'on surnomme gentiment "la reine de Neiges")   sa bonne cuisine  roborative, et sa nature rieuse et directe.  Un petit clin d'oeil pour l'espèce de chemise de nuit rouge qu'elle portait parfois arborant un message surprenant "Love 100% my bird"... Un portrait de notre Reine Najma fait un après midi de détente.
On roule tout le matin, arrêt repas au même endroit qu'à l'aller et arrivée à 16h 15 au Riad Dar Nimbus (où j'avais organisé le stage Carnet de voyage l'année dernière à Marrakech).
Heureuses de retrouver Ali, Mohamed... notre chambre est petite et pas très accessible: il faut monter des étages et redescendre ensuite.... elle est contigüe à une chambre hélas déjà occupée par un couple.
 
Marrakech, c'est un peu le jour et la nuit ! le calme du haut Atlas et la ville trépidante et agitée...
Nous sortons dessiner un peu dans le quartier de la Mosquée Sidi Bel Abbes. Un marché du soir s'est installé. Nous nous plaçons en face d'un marchand de plats à tajines. Un petit attroupement se fait rapidement autour de nous. Pour donner un peu de vie à mon dessin, je croque le vendeur derrière des sacs empilés, on ne voit que son visage et son buste.
Un homme s'approche de moi et m'interpelle
- Madame, tu as fini de dessiner le Monsieur?
- Oui.
- Alors il faut payer, c'est interdit dessiner les gens.
- Non mais vous plaisantez j'espère! C'est non.
 
Il repart sans se presser. Des fois, ça peut marcher avec des "Première fois à Marrakech"! Moi, c'est la  6ème fois, je connais la chanson et je ne me laisse pas faire. Basta! Toujours ce "touriste = pigeon" dans cette ville, c'est lassant. C'est le reproche majeur ici.
 
 
 
Dimanche 20/09/2015 - Ce matin, le soleil s'est caché loin derrière les nuages. Quelques gouttes s'égrainent sur la table du petit déjeuner. Ca ne dure jamais longtemps ici. Déjà le soleil lustre ses rayons. 
 
Dans la ruelle près du riad, on s'arrête ce matin pour un petit croquis d'ambiance "marché matinal". Le boucher a sorti ses quartiers de mouton et disparaît quand il nous voit. Quelques femmes entièrement voilées de noir (guichet à hauteur des yeux) vendent des légumes. Un gamin observe la scène et arrive en me criant "Madame, madame, interdit dessiner". Bien sûr.... je termine un peu plus loin, c'est pas compliqué de dessiner des formes amples...  Là encore, c'est le Marrakech que j'aime de moins en moins,  radical antipathique!
 
Nous décidons d'aller ensuite à la Maison de la Photographie que je n'ai encore jamais visitée.
C'est très intéressant et si calme dan cette médina ébouriffée. Nous montons sur la terrasse pour déjeuner, la vue est magique sur la ville, l'Atlas loin au fond, on s'autorise un petit dessin...
 
 
Nous partons Place aux Epices; cet espace du souk est dégagé et on peut facilement dessiner sans se faire bousculer. Justement, quelques femmes vendent le henné à l'abri de leur parasols.
 
 
Installées confortablement à la terrasse du Café des Epices, je décide d'utiliser le joli petit carnet accordéon que m'a donnée Françoise et sur 3 pages je dessine les scènes de l'après midi.
 


 
Contraste saisissant entre une touriste au décolleté profondément échancré dans le dos, fumant sans se soucier des regards désapprobateurs et les djellabas informes cachant toutes les différences dont la nature a doté les femmes. Celle qui brode les petits sacs de paille à l'abri derrière sa "grille" n'a pas bronché, je ne sais pas si elle a vu que je la dessinais. Elle s'en fout sans doute, elle semble sereine.
 
Un dernier repas pris au Riad où nous arrivons à la nuit tombée.
 
 
 Lundi 21/09/2015 : Easy Jet fait son job! Précis, nous partons à 9h de Marrakech Menara pour Lyon Saint Exupéry.
 
 
Voila, c'est la fin d'une belle aventure dans le haut Atlas Marocain à Touda, lieu sympathique que je recommande chaudement à tous les amoureux de la belle nature.
Le paysage est superbe, les Marocains de la montagne sont attachants et si je ne retourne pas au Maroc pour Marrakech, c'est clair, peut-être ferais-je une exception pour revoir Touda.
Qui sait? Inch'Allah!
 
 
 
 
 
 
 
 

 

lundi 28 décembre 2015

Journée au village puis Ibakliwine et la vallée d'Ait Bououlli

mercredi 16/09/2015 : Nous alternons une journée à Zawyat Oulmzi et une journée de balade en voiture dans les vallées avoisinantes.

Ce matin, après le petit déjeuner toujours aussi copieux, nous partons au village dessiner un peu.
On a trouvé, semble-t-il, un coin tranquille, pas très loin de l'écomusée. Quelques maisons au toit-terrasse de paille s'étalent sur fond de montagnes, le petit cours d'eau serpente en contrebas. C'est ici que les femmes viennent laver le linge et les tapis. Certains sèchent encore au soleil matinal.


Soudain une horde de gosses déboulent de partout, riant, criant .... fin de l'épisode quiétude.
Ils se postent devant nous réclament, braillent, se chamaillent, "Madame, madame, stylos!" Impossible de voir notre sujet avec cette bande excitée.
Coup de grâce! quand j'ouvre ma boite d'aquarelles, ils plongent leurs doigts sales dans les godets! Là, je ne me contrôle plus, je hurle "Foutez le camp".... en claquant la boite. Zou, on file!
 

Pour prendre un peu de champ, nous entrons à l'Ecomusée et là, au calme enfin, nous croquons quelques outils du quotidien posés ça et là, sur les thèmes de la cuisine, notamment. La dame responsable des lieux habite juste à côté sur la terrasse; en passant, elle nous donne quelques pommes fraîchement cueillies, c'est la pleine saison, puis elle s'installe au métier à tisser.


Dans l'après midi, nous montons sur la colline juste au dessus de Touda. Je suis fascinée par ces genévriers thurifères qui s'étalent en croisant leurs branches . J'imagine aisément que ce bois doit être le combustible idéal pour la cheminée. Les troncs bas et tordus développent largement leurs ramures  acérées, les toutes petites feuilles ont la couleur des oliviers, ce beau vert gris fascinant sous le coupole limpide du ciel sans nuage.

Humus et végétal, l'odeur emplit nos narines et  invite à respirer profondément.
Je ressens nettement le contact avec la nature millénaire du lieu. Un pur moment de bonheur quand pinceaux et  encres s'activent joyeusement dans un silence recueilli.


J'aime dessiner aussi sur le journal local qui raconte si bien le pays. Le pinceau encre de chine est de mon avis...


 
Et puis devant Touda, un peu plus tard, le vue magnifique qui s'offre à nous chaque fois qu'on ouvre les yeux le matin, une merveille.


Jeudi 17/09/2015 : Ce matin, départ en 4x4 pour Ibakliwine, village où l'on a trouvé des traces nettes et visibles de pas de dinosaures.  Pour Françoise et moi,  pas de randonnée, mais on visite malgré tout.
La route incroyable passe par la montagne sublime. A quelques centimètres du vide, le chauffeur assure!

Au village, sur de larges plaques de calcaire blanc,  on reconnait 2 types d'empreintes de pas de ces fameux animaux préhistoriques. Quelques enfants nous suivent, curieux mais distants.
Un dessin en haut du village sur les maisons au toit de paille nous fait goûter l'ardeur du soleil de midi; ils scintillent et écrasent les ombres transformées en puits de lumière.


Traité sur papier kraft au feutre fin et sanguine, on a l'impression d'un paysage d'hiver au premier coup d'œil, et  pourtant.....

On reprend la route pour trouver un coin sympa et partager notre pique nique. Les gorges d'Aguelcif, Agouti et la vallée d'Ait Bououlli nous émerveillent. Nous stoppons près d'Iglouane. Sur la terrasse ombragée d'une auberge, nous mangeons sous le regard implorant d'une mule entravée à la patte.
Puis nous montons au village même d'Iglouane.

Pour moi c'est le spectacle le plus fascinant de mon voyage Marocain. Ces hautes et fières maisons de terre rouge brique se dressent comme des falaises protectrices contre le bleu serein du ciel. Mais j'imagine aussi combien il doit être difficile de vivre en autarcie totale en hiver quand toutes les routes sont coupées, neige et verglas font la loi.


En bas l'Oued est à sec, des confettis colorés sèchent au soleil, dérisoires et rassurants. Il y a de la vie dans ce coin perdu.
Le soleil joue sur l'entrée d'une cave en terre : "Venez, c'est l'antre du potier Mohamed Bougali" dit Brahim (et c'est au XXIème siècle!!)

Mohamed a la prunelle rieuse et l'air heureux des gens qui jouent avec leurs mains. Dans son atelier-cave, le tour est fixé sur un tuyau dans un trou. Pour travailler, il s'assied au bord de ce trou, il malaxe la terre et tourne en la caressant délicatement.
Il assure une production locale, plat à tajines, en terre, jarres, canaris, dans la pure tradition berbère, ses motifs géométriques se répondent joliment.
 
Juste à côté de la cave, je découvre le four de cuisson des pièces terminées. A l'abri d'une butte, partiellement enterrés dans le sol,  plats et jarres sont entassées entre paille et branchages;  un feu permanent en dessous cuit le tout. La température supérieure à 200° permet une cuisson lente et continue assurant la solidité des pièces. Belle tradition et surtout, très émouvante.
 


Retour à Touda par la piste 4 x 4. Encore des paysages mirifiques... Le haut Atlas, c'est du bonheur!










 

lundi 21 décembre 2015

Haut Atlas Marocain : au coeur du village de Zawyat Oulmzi

Lundi 14/09/2015 : Partons à la rencontre du petit village de Zawyat Oulmzi où se situe Touda, quelques centaines de mètres en contrebas.



Une jolie petite Norah montre sa petite bouille au coin d'une ruelle et nous entraîne par la main vers une maison où des travaux sont en cours. Sans doute, sa future maison.
On ne passe pas à travers le très attendu "Madame, madame, stylo Madame?" et le "Touda Madame?"
Bien sûr, nous avons emmené crayons, cahiers, feutres etc... mais j'ai donné l'ensemble à Brahim qui les remettra à l'école. Alors expliquer ça aux enfants qui ne parlent pas vraiment le français, c'est compliqué. Je dis "j'ai donné à l'école", mais la litanie reprend "Madame, madame, stylo-madame..."
Bon, on va dire que c'est le mot de passe et on va s'habituer... je répondrai "donné à l'école" à chaque fois. Une sorte de jeu ...

Nous dessinons une ruelle et partons à la découverte du village : les coffrets métalliques des compteurs électriques (maghana) sur les façades des maisons sont tous différents, en ferronnerie peints, j'en croque plusieurs, c'est amusant...
Les femmes lavent les lourds tapis en les piétinant dans un petit canal bétonné, j'entends les enfants psalmodier le coran à l'école du même nom; tiens, le gîte "chez Ali" semble avoir fermé ses portes définitivement. Dans les ruelles, les mules transportent gravats, terre, légumes, fourrage.. et on visite la grande boutique du village qui vend tout ou presque...


La petite Fatima réclame crayon et papier en nous voyant peindre. Bon, je cède à la demande. Elle s'installe près de moi et s'applique à dessiner de superbes personnages de Manga qu'elle a dans la tête. Ses yeux à 10 centimètres de la feuille prouvent incontestablement qu'elle a besoin de lunettes, la pauvre chérie! Ce n'est visiblement pas la priorité...

Un peu plus tard, nous découvrons enfin ce fameux Ecomusée, véritable petite pépite du village.
Aucun panneau extérieur, Brahim a les clés. Nous pénétrons dans les lieux ouverts depuis 2 mois.  C'est "Pauline", une jeune française  qui s'est chargée de la présentation et de la mise en valeur des objets typiques, dans le cadre d'un stage de fin d'études.

Chaque pièce a un thème : au rez-de chaussée, travaux des champs  et construction de l'habitat rural; à l'étage c'est la vie quotidienne : cuisine, filage de la laine, école, culture locale et au fond un grand salon au plafond et murs peints de motifs berbères, c'est juste magnifique.
Tout est mis en valeur, on entre dans la vie quotidienne des gens de la montagne. Plus tard, une femme s'installe au métier à tisser et file un tapis de laine.

La vue sur la vallée interpelle mes pinceaux,  magique!




Le même jour je dessine une ruelle pleine de soleil et d'enfants qui arrivent en courant. Il n'y a pas beaucoup d'animation ici alors quand les touristes se promènent dans leur propre village, c'est l'endroit où il faut être. Urbain!

- Madame Madame,  donne stylo, (ça recommence, évidemment!)
- J'ai donné à l'école,
- Bonjour, ça va, fatiguée?? Touda?
- Euh, non, tout va bien...pas fatiguée!
- Madame, bonbon, stylo?
Finalement je dessine la petite frimousse d'un enfant sur un papier et le donne à la petite Mariam qui le termine en un gros bonhomme avec le stylo marron que je ne reverrai pas. En échange, elle me donne un papier écrit dans sa langue avec un stylo 4 couleurs. 
Intégré au délicieux couscous de Najma, ça donne ça.



Mardi 15/09/2015 : Ce matin, petit déjeuner pris, départ en Kangoo pour le souk aux bestiaux d'Assemsouk.
J'adore traverser ces routes de montagnes aux paysages multiples et changeants, vallons, rochers abrupts, troncs tordus comme des sentinelles dérisoires, appel au secours muet et pathétique des genévriers thurifères, tranchant dans le cobalt parfait du ciel d'automne.



Effectivement, nous arrivons au fin fond d'une vallée, au milieu de nulle part.
Beaucoup de mules, ni chèvres, ni moutons, il est trop tard (10h 30). C'est le grand déballage dans un monde purement mâle. Deux filles européennes, crayons et carnets en main, c'est LE SPECTACLE du jour.


Un tailleur pique à la machine, à côté des vendeurs de casseroles, seaux, bouilloires, plats à tajines et grosses sacoches à mulets (chouari). On trouve aussi les immanquables paires de chaussures et frusques diverses étalées au sol, voisinant légumes, menthe et coriandre dans de gros sacs. Les camions colorées sont des Mercedes, j'ai pu le noter à chaque fois.

Les ados observent notre manège à distance respectable. Vêtements dépenaillés, hirsutes, maladies de peau pour certains, ils ne parlent pas français et sans doute, peu d'entre eux vont à l'école, en témoigne leur désintérêt total pour nos crayons... (pas de "Madame-crayon")
Ici, élevage et culture sont les règles de vie de toute la communauté. Les garçons prennent le relais très tôt, c'est une main d'œuvre naturelle. Je croque rapidement quelques sourires et regards graves.


Pour aller aux toilettes, c'est un peu compliqué, mais il est hors de question de faire comme eux, dans la nature sous un arbre, ça manque d'intimité.... Brahim trouve la bonne personne qui donne la clé du cadenas d'une porte juste à côté du Hammam familial. 
Un petit dessin de l'ambiance, dominée par les petites mules au oreilles courtes et au regard si tendre.


Vers 14 h, Brahim nous conduit dans l'unique gargote du site. Mohamed Ichchau, le boss,  officie aux fourneaux, les tajines réchauffent. 2 tables et chaises en plastic blanc, quelques tapis dans un coin pour la sieste digestive. C'est spartiate mais ça suffit.
Je croque à la volée le patron qui ne semble pas ravi du tout de voir sa tête reproduite dans mon carnet. Assemsouk,  c'est une affaire d'hommes...  rudes!
Nous partageons notre table avec Lhacen, souriant guide de montagne à la retraite qui connait bien Brahim. Il profitera du voyage retour dans le coffre du Kangoo.



Nous rentrons à Touda en traversant cette sublime montagne  sous les derniers rayons du soleil.

J'ai oublié de dire que pour ce voyage, j'ai utilisé un carnet de ma fabrication d'environ 46 pages, certaine que ça suffirait pour 8 jours de voyage, mais j'ai dû dessiner sur des feuilles à part car j'ai vraiment manqué de papier.... Et j'avais intégré quelques feuilles marron sombres qui se dépliaient, d'où les changements de couleurs que vous avez pu voir, par ci par là.

La suite du voyage,  un peu plus tard...
 

mercredi 16 décembre 2015

Voyage Haut Atlas Marocain : septembre 2015 - Premier article

Premier article sur mon voyage du 12 au 21/9/2015 dans le Haut Atlas Marocain.
 
 

En avril 2015, j'étais à l'Ile Maurice, grâce au billet d'avion gagné en 2014 au Concours de Carnets de voyage : Festival Curieux Voyageurs de St Etienne, quand j'ai appris par SMS que j'avais gagné cette année encore le PRIX DU PUBLIC et PRIX DU JURY 2015 au même Festival.  Le carnet du Cambodge l'a emporté à l'unanimité. Waouh!!!!!!!!!!!!

Le prix du Jury : une semaine en pension complète à l'Ecolodge  TOUDA dans le haut Atlas Marocain, précisément dans la vallée d'Ait Bougmez, qu'on dit magnifique. C'est un pays de treks et de randonnées. De plus, Najma la cuisinière, propose des cours de cuisine Marocaine.
 
Je me réjouis de partager cette aventure avec Françoise, complice du voyage Mauricien.
 

12/09/2015 : Vol Easy Jet matinal (7h) Lyon Marrakech. Comme toujours , l'avion est un sujet inépuisable d'inspiration.  J'arrive vers  9h 30 et retrouve Hassan, le chauffeur de taxi  qui  nous conduira à Touda soit 5 heures de route environ. 
 
Depuis Paris, Françoise devait atterrir peu de temps après moi. Mais le temps passe, son avion a 2 heures de retard et elle arrive la bonne dernière du groupe de touristes "parisiens".
 
 
Ils sont mignons avec leur petit panneau posé devant eux... Forcément, j'ai le temps de croquer les chauffeurs de taxis qui assurent les "transferts aéroport Hôtel" des touristes ahuris qui débarquent sur le tarmac, après avoir attendu près d'une heure le contrôle de leurs passeport par les autorités Marocaines.
 
Midi. Départ Marrakech. Juste après Marrakech c'est très plat. Le taxi fonce sur les lignes droites.   Arrêt vers 14 h pour un menu à 200 Dirhams (c'est le prix des 2 repas en fait et notre taxi ne paie rien???  alors on lui a payé son repas? )
Les bas côtés permettent de se ranger vivement quand un dingue fonce sur nous, la route devient mauvaise au fur et à mesure que nous abordons la montagne, défoncée elle se termine en piste. C'est immense, impressionnant et magnifique.
 
17 h : La Mercedes pile au bas d'un chemin muletier, impraticable pour elle et dépose nos bagages.
- Là haut, c'est Touda. Je me débrouille pour vos valises. Vous montez à pied.
- OK, vous revenez nous chercher samedi 19 vers 10 h, c'est bon? (moi)
- Oh là la! ce sera sûrement bien avant samedi!  rétorque Françoise acerbe, épuisée à l'idée de gravir la montée abrupte sur 100 mètres.
Brahim vient à notre rencontre, affrète une mule pour monter nos bagages.
 
Ca grimpe sec, les pierres roulent sous nos pas. Enfin la terrasse de TOUDA http://www.touda.fr/ ! Ca se mérite, mais le paysage est magique. Najma nous sert le thé à la menthe et des gâteaux maison. Bienvenue !
 
 
Profitant du panorama splendide de la terrasse sur la chaîne des Ait Bougmez, nous sirotons gentiment notre thé. La petite Naima arrive en courant à Touda "chercher de l'aspirine pour sa tante" qui a très mal à la tête. En échange des cachets, je lui demande de poser 10 minutes pour la dessiner. Elle est intimidée mais ravie. On est 2!
 
Le repas du soir roboratif et copieux nous attend. L'intérieur du gîte très accueillant porte les marques de traditions de la région, lampes en fer forgé, larges tables de bois, bols de céramique décorée, jarres... Ici, en montagne, on marche, on crapahute (ce que nous ne ferons pas) la bibliothèque regorge de livres, guides, brochures sur la région. Stéphanie Ledoux passée par là, a réalisé de belles cartes postales. Un petit coin très cosy aménagé près de la cheminée arbore un magnifique métier à tisser, je lui donne vie sous mes crayons.
 Dimanche 13/09/2015 : Premier petit déjeuner.
Un coup d'oeil dans la  cuisine... Les galettes de pain au miel, juste sorties du four par Najma fondent dans la bouche...
Confitures maison, jus de vraies oranges, Vaches-qui-rit locales, yaourts, café, thé... Délice Nature et forcément bio, sans prise de tête. De quoi démarrer la journée avec le sourire en regardant la montagne par la baie vitrée qui scintille au soleil. Elle est pas belle la vie?
 
 
Pendant ce temps, Hamou, le chauffeur de taxi nous attend  sur la terrasse. En effet, c'est dimanche le jour du Souk à Tabant et l'occasion de découvrir la région.
 
Il faut ici que je raconte un peu nos fous-rires induits par les quiproquos de l'accent de Brahim. Ca nous déroute un peu :
- Vous voulez pas marcher ? alors vous monterez sur "la moule"! - Et là,  j'imagine Françoise caracolant une moule d'Espagne, elles sont plus grosses! mortes de rire, les filles! Impossible de nous arrêter.
- Je vais vous montrer le Mollah!  
- Ah non, pas de Mollah!  dit Françoise! (Ce n'était rien d'autre que le  moulin à grains! )
- Dans le  village on a un "comizi", vous connaissez le  "comizi"? Si si, je vais vous montrer!
Essayant de traduire, comizi comédie?. on n'imagine pas un théatre ici?
Il a bien fait d'insister Brahim, en fait c'était un Ecomusée, le comizi et nous avons bien dessiné à l'intérieur c'était chouette.
 
Donc, nous voila arrivées à Tabant après 2 h de route. Il faut dire qu'on s'arrête de temps en temps pour prendre un villageois en stop. Ils montent dans le plateau-bétaillère du véhicule et en avant!
 
A l'entrée du village, nous rencontrons une européenne, c'est Anne rebaptisée ici SFIA. Le bras en écharpe, cette belge psychomotricienne dans une première vie, s'est installée ici après son mariage avec un Marocain. Elle tient un gîte  "Alliance Berbère" et possède un élevage de 140 chèvres. Son rêve : ouvrir un centre de Yoga-relaxation-massage CHIC à Tabant!! A mon avis, les berbères du coin ne gémissent  pas d'impatience...
 
 
Parce qu'il faut dire que Tabant c'est ROOTS! Même si c'est la grande ville de la vallée, c'est encore comme partout au Maroc, une ville où l'HOMME, majoritairement présent dans les rues, imprime sa marque d'éleveur, marchand, berger, cultivateur. La femme est prioritairement à la maison. Les rares présentes achètent des vêtements pour les enfants. Justement, quelques uns s'arrêtent, intrigués et  nous regardent dessiner. Jamais vu ça au bled!
 
 
Une très jolie petite fille Nadia, en foulard bleu, accepte que je la dessine.
Puis quelques garçons curieux se pressent autour de nous. Je commence le portrait de l'un d'eux, quand un homme surgit en criant et attrape fermement le gosse par le bras lui intimant l'ordre de se barrer. Bienvenue à Tabant!
 
Il est l'heure de manger. Hamou nous propose un sous-bois charmant pour le pique-nique. Avant d'arriver,  la piste s'interrompt brusquement et nous roulons dans le lit de l'oued à sec, très surprenant!  mais très naturel pour le chauffeur.
Le pique nique avalé (filets de maquereaux  à l'huile végétale, tomates, crudités, pain et fruits) allongée,  je dessine les bouleaux au-dessus de ma tête et Hamou, sur proposition de Brahim.
 
 
 Ce dernier veut nous montrer le fameux "molla" installé dans une sorte de cave, le moulin à grains (dit "le mollah qui tourne) est activé par une femme qui nous en explique le fonctionnement pendant que je  dessine.

mardi 20 octobre 2015

Fin du voyage Cambodgien - KEP, les crabes et Rabbit Island

10/12/2014.  Nous partons en bus pour notre destination finale : KEP village de pêcheurs de crabes.

Ce matin Chinh, le guide, arbore un superbe crama à carreaux rose et blanc! ça va être une belle journée! Nous nous arrêtons dans une plantation de poivre, le meilleur du pays, nous sommes à deux pas de la ville de Kâmpôt. Les grappes de poivre sont attachées sur de hauts piquets. On dirait de la vigne. Ca sent bon.

Et tout autour,  hommes et femmes travaillent les rizières. Et pour le repas de midi : crustacés au poivre vert local!





Arrêt au marché, le temps de croquer une femme qui vend des pomélos et des "pommes-éléphant". Elle est contente de son portrait... surtout, ça l'amuse beaucoup. Quant à l'attroupement, c'est comme d'hab!! J'aime bien ça.

 

Au marché de Kâmpôt

11/12/2014. Allez, on est arrivés à Kep! on va à la pêche aux crabes?

 
 

   

Une foule chamarrée et très affairée se presse sur le ponton de la jetée. Des hommes, pantalons remontés au genoux,  récupèrent dans l'eau les casiers de bois contenant les petits crabes et les remontent à terre. Après, on sent que c'est une affaire de femmes!
 

Comme dans beaucoup de pays d'Asie, la présence des femmes est incontournable dans le domaine du commerce. Ici, elles déchargent, trient, vendent et répartissent le produit de la pêche,  petits crabes véloces au pinces bleues. Elles se protègent la tête et la nuque du soleil avec d'amples chapeaux-foulards très typiques, souvent écossais. Production locale, ça aussi.
Ensuite, nous dégustons sur place les poissons grillés, enfilés sur des brochettes de bois! Délicieux!

Elle me fait signe qu'elle veut son portrait et prend la pose!
Effluves puissantes de crevettes et poissons séchés, bleu intense des pinces des petits crabes liés d'une ficelle rouge, odeurs et couleurs surprises pimentent la matinée. La vie grouille sur le marché de Kep, c'est beau et ça sent fort, j'adore!


J'achète du poivre au marché de Kep. La fillette de la marchande me sourit timidement. J'ai envie de garder le souvenir de sa "petite bouille". Elle s'assied près de moi et je croque vite-vite. Elle rit en se découvrant sur le carnet.


 


Activité incontournable des carnettistes, nous prenons l'apéritif au Yacht Club de Kep devant le coucher de soleil. Rutilant de mille feux, Sa Majesté se pavane quelques minutes encore avant de se dissoudre à  l'horizon comme les glaçons dans mon verre de Campari... L'heure du cocktail sur fond romantique.


12/12/2014 / Nous partons ce matin pour l'Ile aux Lapins "Koh Tonsay".


Une petite demie heure de bateau et nous arrivons sur ce confetti jeté dans la mer turquoise, barques colorés, hamacs, arbres immenses. Presque personne! Paradisiaque.

Les vagues murmurent le long de la plage ourlée de sable blanc, bordée de haut cocotiers. On se détend, des masseuses proposent leurs services, les copines se posent sur des petits baldaquins en rondins, ombre bienvenue propice à la sieste. Je suis, nous sommes, sur UNE ILE DE REVE!

Rabbit Island! Mais pas un seul lapin!



13 h : Le pêcheur s'étend dans son hamac pour une sieste bien méritée. Il 'appelle HEY!

Pendant ce temps, sa fille me sert un délicieux repas de crevettes grillées.
Papilles et pinceaux,  je croque l'instant avec délectation, tous les sens en éveil. Hum!!!!!!!!! Je trempe même mon pinceau dans le thé! ou c'était de la bière peut-être?




Le bateau repart vers 17 h et il est déjà 16h 30. J'ai tant dessiné qu'il  me reste peu de temps pour me faire masser. Je me contente d'un massage des pieds d'une demie heure!  C'est NINE, qui s'occupe de moi et quelques minutes avant l'arrivée du bateau, hop, je la dessine en vitesse.


Sur le bateau, il y a une drôle de petite fille à couettes qui prend l'air renfrogné... Elle est trop marrante... Je me contente de la prendre en photo, j'ai peur des représailles...



 


Ce soir, nous retournons au Yacht Club de Kep (faut dire qu'il n'y a pas tant d'occupations ici!) pour le dernier apéro-coucher de soleil. Sous un ciel plombé, les couleurs éclatent et s'imposent. Rien à voir avec la douceur de la veille, mais c'est d'une beauté sauvage.

Je ne me souviens plus quelle était la couleur du cocktail.. Ah c'est fatigant les vacances!






Sur une table est posé cet étrange fruit rouge. Il ressemble à un ananas. Il pousse sur les palmiers d'ici, j'en ai vu à l'Ile aux Lapins... je mène l'enquête. La réponse, je la trouverai en France.

Je viens d'apprendre le nom de ce fruit "le Pandanus". Il est des mystères qui devraient le rester.

13/12/2014. Notre dernier jour ici, l'avion en soirée, il nous reste encore une matinée ici et cette ambiance du marché aux crabes m'a tant plu que j'y retourne, on est à un quart d'heures à pied.




13 h : Sur la route qui nous ramène  Phnom-Penh pas le temps de dessiner, je glane mentalement ces petits patchworks du quotidien... Mon esprit prend le large et photographie en rafales...

Un homme à vélo transporte des sacs de 3 mètres de haut, un autre porte en équilibre d'énormes pneus de camion, ici on vend la gazoline en bouteille comme à Bali. Tiens, un chapeau conique dans une rizière, un bras se tend et lie les gerbes, des jarres d'eau ventrues et alignées, un drapeau Cambodgien, de petits autels jaunes, des marchés de fruits et légumes tout au long de la route...

Des enfants presque nus à vélo rebondissent dans les ornières, les longs cheveux bruns et lisses des fillettes, un hamac, des palmiers à sucre, des jacinthes d'eau, des buffles..... et les Tuk-tuk, bien sûr!


J'ai du mal à quitter mon carnet, fidèle compagnon et reflet de mes petits bonheurs égrenés ça et là.
Pays Khmer attachant, souriant mais si mystérieux...


Dans l'avion, il y a toutes sortes de gens.
Ravy le jeune moine se rend dans l'Eure. Ses sandales légères ne semblent guère adaptées à nos températures hivernales. Il aura des surprises en arrivant malgré  ses socquettes.

 
Ainsi se termine ce fabuleux voyage au Cambodge du 29/11 au 14/12/2014.
Mais cette année 2015, aux mêmes dates, je serai au Rajasthan.
 
J'ai encore plein de voyages à vous raconter... Cette année, je suis partie à l'Ile Maurice en mars (voyage gagné en 2014 au Festival Curieux Voyageurs de St Etienne), puis l'Ouzbékistan en mai, puis un autre voyage gagné en 2015 au même festival de St Etienne) dans le haut atlas Marocain. Je clôturerai l'année avec le Rajasthan.
 
Vive les voyages et ses carnets.. les coutumes étonnantes, les sourires des populations, l'hospitalité et le partage, toutes ces belles valeurs qu'on découvre, carnet et couleurs en mains... Le dessin c'est l'ouverture à l'autre.
 
A très vite pour une nouvelle aventure en dessin.