Le stage en Ouzbékistan du 14 au 24/9/18 vient de s'achever. Tout le monde s'est envolé très tôt ce matin pour la France. Restée sur place, j'accueille Cathy, copine "croqueuse lyonnaise" qui me rejoint à Tachkent pour partager une nouvelle aventure : Découvrir et repérer les bons spots au Kirghizstan en vue d'un futur stage programmé en 2019.
Quel plaisir de flaner à Tachkent avec Iroda* et Cathy, pour le seul plaisir de la découverte et du dessin. Car Iroda dessine avec nous. Nous décidons d'aller faire un tour au Bazar de Chorsu, dans une partie inconnue, que nous allons découvrir. (*Pour les non initiés, Iroda est notre guide francophone Ouzbèke, devenue une amie, adorable petit bout de femme pétillante et passionnée.)
Circulation intense, Iroda se poste au bord de la chaussée. Immédiatement, une voiture banalisée stoppe à sa hauteur, puis une autre juste derrière. Cathy et moi, nous regardons interloquées. Appuyée à la vitre, elle négocie et nous fait signe "C'est OK, montez". Médusées, nous pénétrons dans le taxi.
Ici, tout le monde s'improvise taxi et si on n'est pas d'accord sur le tarif, le suivant acceptera sans doute. Incroyable! Un bref instant, j'imagine la révolution des taxis français si une telle mesure survenait chez nous.
Bazar de Chorsu, entrons sous les voûtes des marchands d'équipements divers pour la maison.
Les berceaux Ouzbeks semblent nous attendre. Peints de couleurs vives, les montants sont recouverts de bouliers vernis rouge, vert, jaune et au fond le fameux petit trou circulaire; nous croquons les BECHKIKS traditionnels. Les matelas et couvertures portent aussi le fameux petit trou rond. Juste à côté, j'achète des Sumaks très bon marché, en bois brut. Pour moins de 5 Euros la paire.
Là, je sens que je vous dois une petite explication, car chaque fois que je montre ces "outils", les questions fusent "à quoi ça sert? C'est un instrument de musique, une flûte ? c'est pour fumer?" Oups! Il ne s'agit pas de cet orifice....Evidemment, personne ne trouve la bonne réponse !
S'installe un dialogue surréaliste entre guide et touriste.
- Le Sumak se "pratique" au masculin ou au féminin.
- ???
- Il est l'ancêtre de vos Pampers!
- Comment ça?
- En Ouzbékistan , comme dans d'autres pays d'Asie Centrale, les nourrissons sont langés fermement du cou aux doigts de pieds, les bras maintenus le long du corps!
- Comme une momie? c'est barbare!
- Pas faux! Le sumak est en bois creux, on l'enfile dans le sexe du petit garçon, avant de le langer complètement, l'outil fixé verticalement est enfilé dans le trou du berceau au-dessus d'un récipient, qui recueille son urine. De même pour la petite fille, voyez la fente prévue à cet effet.
- Malin, mais on l'utilise toujours?
- Dans les campagnes oui. En ville, maintenant on achète des couches et les bébés sont moins langés qu'avant. J'ai utilisé un sumak pour ma fille ainée, pas la dernière.
- Bon, je les achète et les dessine, je vais avoir plein de questions, c'est super excitant!
C'est clair, au RV du Carnet de Voyage de Clermont, j'ai fait l'article! c'était drôle. Mais je m'éloigne du sujet.



Le crépuscule déploie son voile indigo sur la ville, pendant que nous croquons la statue d'Amir Timour (Tamerlan) sur la place de l'Indépendance. Ou comment remplacer Lénine par un héros national dépoussiéré.
Iroda nous conduit tout près, dans le restaurant populaire "Ugolok". Style très Union Soviétique, sa spécialité est le poulet mangé à pleines dents avec les mains. Ne cherchez pas les fourchettes, il n'y en a pas.

Mardi 25/09/2018 - Jour 2 Départ pour le Kirghizstan
Départ 8 h - Train confortable et spacieux entre Tachkent et Andijan, vallée du Ferghana, région est, limitrophe avec la frontière Kirghize.
Notre trio doit arriver vers 13h 45. Iroda nous assistera pour passer la frontière et repartira le surlendemain. Bercées par le crissement puissant des rails, nous cédons à la torpeur. Le paysage change, les montagnes s'imposent, le train roule plus lentement. Arrêt dans une petite gare. Une petite fille en rouge joue avec un ballon ... rouge.
A la télé, un chanteur à la mode, bellâtre en costume blanc et nœud papillon déchaîne les foules. Très kitsch. S'imprègner de la culture locale.
J'en profite pour parcourir le Petit futé sur notre prochaine destination. Je découvre que la vallée du Ferghana assise sur les 2 pays est un foyer latent de wahhabisme, où des affrontements sanglants ont eu lieu en 2010. L'état Ouzbek surveille particulièrement cette région afin de prévenir de nouvelles tentatives. Soudain, un agent ferme tous les rideaux du train : nous traversons une enclave Tadjike. Vieux réflexe soviétique? pas le droit de regarder et ça dure un quart d'heure.... Et merci à Staline pour son découpage complexe et alambiqué des frontières.
14 h. Arrivée en gare d'ANDIJAN. Un taxi nous attend et nous dépose dans une Tchaïkhana de la ville où nous déjeunons. A 15h, nous reprenons la route. Champs de coton, vigne à profusion sur les pergolas, tuyaux de gaz jaune le long des routes, le paysage reste Ouzbek. Une demie heure après nous arrivons à Och et passons la frontière à pied. IRODA s'énerve contre un agent qui refuse de nous faire passer devant tout le monde, car une préposée lui a dit qu'on pouvait passer sans s'arrêter au guichet! faux. On avance notre montre d'une heure.
De l'autre côté de la route, la file est interminable. Beaucoup d'Ouzbeks travaillent sur le sol Kirghize et réciproquement. Il faut dire que cette région est peuplée à 48% d'Ouzbeks. Och est la 2ème ville du pays et la plus importante de la vallée du Ferghana qui se partage des 2 côtés de la frontière. il existe beaucoup d'universités ici et une Ecole de foot en relation avec la Fifa vient d'être créé.


Redescendus dans la ville, nous visitons une yourte à 3 étages, accueillant un petit Musée dédié à Alymbeck Datka, personnage célèbre, bienfaiteur local et coordinateur des différentes tribus nomades du pays. Nous aurons l'occasion d'en entendre parler souvent.
Les shyrdaks brodés (tapis de yourtes) affichent des motifs récurrents que je dessine rapidement. Ils représenteraient des guerriers. Bon thème pour l'année prochaine.
Mercredi 26/09/2018 Jour 3- OCH et ses environs
9h . Fanfare et parade militaire sur la place Lénine devant la statue du héros qui nous toise fièrement.

Au début, ça interpelle, puis on s'en accommode. Restons ouvert à cette culture et son état d'esprit pour comprendre, c'est la moindre des choses.
Nous partons visiter et dessiner le grand marché d'Och. Immense construction de bric et de broc, couverte par endroits. Les secteurs sont bien déterminés, légumes, fruits frais ou secs, viande, fromages et produits laitiers, vêtements. Iroda essaie des chapeaux et j'achète un Kalpak traditionnel. Il est en feutre (bien sûr, c'est LA matière première ici) assez haut, ses bords sont retournés (ou pas) et il porte un motif Kirghize. Ce sont surtout les hommes des campagnes qui les portent.


Un petit dessin sur le marché c'est parti pour Cathy et moi. Le soleil tape fort, je mets mon Kalpak pour me protéger.

Ici, les gens sont très sympas et nous acceptent sur leur stand avec un grand sourire. Ils s'amusent de se voir croqués dans nos carnets. Et comme souvent, les photos fusent. J'ai fait une mine patibulaire à ce brave homme pourtant aimable et ravi.
A 13h Alexandre nous conduit à l'Ethno café, abrités du soleil sous de grandes terrasses en bambou et une douce musique d'ambiance en prime; les spaghettis locaux sont délicieux.
Nous partons en voiture aux alentours d'Och, jusqu'au col Chyryrchyk à 2400 mètres d'altitude. Nous découvrons le jailoo (pâturage d'été en altitude) vide hélas. Les éleveurs nomades l'ont déjà quitté. Plus une seule yourte, seule une roulotte bleue et quelques cabanes apportent une touche colorée aux alpages. Les troupeaux sont descendus dans la vallée et nous les retrouverons très nombreux sur les routes, où ils ont priorité. Forcément !

Le village de Gulcha me semble triste et le musée manque totalement de lumière pour le rendre attrayant, même s'il est intéressant.
Jeudi 27/9/18 Jour 4 - Départ pour Ouzgen puis Arslanbob

Alex nous prend en photo avec notre dessin d'un quart d'heure.

Direction Ouzgen, ex ville fortifiée du Khanat Turc. Elle fut la capitale de l'état Karakanide à la fin du Xe siècle. Ici les édifices sont en brique nue et terracota finement ciselées de motifs d'une délicatesse raffinée, mais ne sont pas recouverts de faïences multicolores comme en Ouzbékistan. Monochrome, simplicité, finesse, authenticité, personnellement j'aime beaucoup.
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Minaret d'Ouzgen |




A midi, dans le marché, Alexandre nous fait essayer une vraie Tchaïkhana locale : pas de menu affiché, chaque jour c'est pareil. On essaie les samsa, pâtés à la viande ou aux pommes de terre, mais il y a autant de gras que de viande; je me force un peu. Non, trop écoeurée, je lâche l'affaire. On peut dire que j'aurai essayé.
Nous reprenons la route, traversant Djalalabad, 3ème ville du pays, où écoles coraniques et mosquées se succèdent. Nous arrivons enfin vers 18 h à Arslanbob, notre destination du soir, site très prisé du temps de l'Union Soviétique, en raison de ses sanatoriums d'altitude. La montagne Babash-Ata domine le village situé à 2500 mètres, célèbre pour son immense forêt de noyers de plus de 11000 hectares.
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une grange à Arslanbob |
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Nos hôtes à Arslanbob |
Vers 19 h, notre hôtesse apporte le repas que nous partageons avec d'autres voyageurs, assis sur le tapchan, jambes repliées sous les fesses (Aïe!!!). Crudités, pastèque et plov maison, délicieux ! Alexandre a acheté des bières et nous trinquons.
Puis nous faisons le point sur le circuit, donnant notre avis sur les lieux intéressants ou moins. Il propose de modifier le parcours à partir du lendemain, afin que nous voyons les plus beaux sites du pays et surtout les lacs et on reprend tout à zéro. "Banco, on te fait confiance!"
Jour 5 -Vendredi 28/09/2018 - d'Arslanbob à Kyzyl Oï
Cathy et moi sortons dessiner quelques maisons avant le départ. 9 h : une jeep de l'armée antique et défoncée, conduite par un ancien du même âge, nous récupère au gite. Cette forêt appartient à l'Etat qui en a cédé 1 hectare à chaque famille, qui l'exploite. De petits piquets délimitent les parcelles.
Il faut une demi heure pour atteindre enfin notre but. La route est raide, toute en lacets et bien défoncée. Comme les amortisseurs. C'est long et douloureux. Ouf! il coupe le moteur.

Tadjakhal distribue des gâteaux et son petit fils la rejoint dans la cabane. Alexandre explique que nous sommes des artistes!! Beau souvenir de cette forêt. Après le repas pris chez Nazira Apa d'Arslanbob qui propose aussi un grand logement qu'elle nous fait visiter, je la dessine et lui offre, elle est ravie et espère nous revoir chez elle avec le groupe.
Nous reprenons la route. A 17 h nous stoppons pour la photo à Tach-Komour, ville du 2ème barrage
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Arrivée au Lac Toktogul |
Nous arrivons à 19 h au lac Toktogul. C'est aussi un barrage servant à l'irrigation et à la production d'électricité revendue à ses voisins Ouzbeks tout proches. Il porte le nom d'un poète Kirghize Toktogul Satilganov et s'écoule sur 65 km. Le soleil nous présente son dernier show, c'est magique. Nous logeons dans une Guest house de type soviétique mais notre chambre confortable a vue sur le lac. Diner au restaurant assis sur des balancelles : crudités, soupe de lentilles et poivrons farcis.
Jour 6 - Vendredi 29/09/2018 - Du lac Toktogul à Kyzyl Oï
Petit déjeuner gourmand avec omelette et riz au lait délicieux, nous sommes fin prêtes pour aller dessiner au bord du lac sous un ciel radieux. La saison touristique est terminée mais je vois bien peu d'équipements, un peu spartiate mais agréable. Je trempe la main dans l'eau, frisquet!

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La Rivière Naryn |

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Alex sur le pont |
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Manas ce héros ! |
Ici, le massif du Tianshan sépare la vallée de Talas, ville natale de Manas personnage légendaire incontournable dont je reparlerai plus tard !
En haut du col d'Otmök, trône fièrement sa nouvelle statue toute rouge.

Nous faisons un tour dans le village, les éleveurs emmènent le bétail à la ville voisine où ils seront vendus au marché du dimanche de Bishkek. Le repas est pantagruélique, nous arrêtons notre hôtesse qui veut nous resservir et Alex lui suggère de le conserver dans une boite hermétique pour le pique-nique du lendemain.
Encore un point sur notre futur circuit pour le stage de l'année prochaine. On élimine toute la partie ouest du voyage, ce que nous venons de parcourir. Départ et retour à Bishkek, nous ferons une boucle autour des lacs qui seront notre sujet numéro un. Vendu!
Jour 7 - Samedi 30/9/18 - Vers le lac Song Kul
Petit dej et toilette de chat. Un peu d'eau dans un seau fait l'affaire! Nos hôtes sont vraiment sympas

Sur la colline au dessus des champs dorés, des mausolées typiques et colorés surplombent majestueusement le village. Ici, des plaques de verre dépoli scintillent au soleil, là une armature en forme de yourte, de véritables maisonnettes en brique ou métal sont agencées, portant parfois le buste du défunt. Ils se sont multipliés dans les années 1920 / 1930 et depuis l'arrivée de l'Islam. Ils ne sont pas très bien entretenus par la population. Nous retrouverons souvent ces grands cimetières décorés, véritables spécificités ornementales du pays, reflet d'une époque révolue. Celui-ci a ma préférence.

Après les paysages colorés, la montée se fait raide et la végétation beaucoup plus rare.
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notre yourte pour 2 |
Cathy et moi logerons sous la n°2, intérieur coquet et petit poële à bois vite allumé et alimenté régulièrement.
La température avoisine les 2 degrés. On a juste le temps pour une aquarelle du site avant la nuit.
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la yourte restaurant |
Le camp appartient à une famille d'éleveurs Kirghizes, qui trouve ainsi une opportunité de gagner un peu d'argent avec le tourisme. Ils sont adorables, aux petits soins et bons cuisiniers.
Frange de cimes dentelées sous un ciel hésitant, les flots du lac Song Kul passent vivement de l'émeraude à l'outremer. Panorama féérique à 3016 m d'altitude.

21h : Extinction des feux et surtout très peu d'essence dans le générateur. Nous nous couchons sous les couvertures douillettes. Un jeune homme vient recharger le poêle et le lac berce nos rêves immenses. Le marchand de sable passe à toute vitesse.
Jour 8- 01/10/2018 - de Song Kul à Issyk Kul

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cabinets de toilette de plein air |




Il reste 1 h 30 de route pour atteindre le lac Issyk Koul à 1606 mètres d'altitude. C'est le plus grand lac du pays : 161 Km de long sur 60 de large, une véritable mer quand on est sur la rive.
18 h Arrivée au Yurt Camp Bel Tam, situé sur la rive sud.
Ce campement idéalement placé en bordure du lac est très agréable et ne ressemble pas du tout au précédent. Ici c'est un peu "camping à la ferme". Bonheur, il y a des douches bien chaudes, c'est nickel pour le shampooing. Encore pas mal de touristes : anglais, australiens, israéliens, coréens, russes, français. On se retrouve à 19 h avec Alexandre pour l'apéro (alors, il faut la finir cette vodka, diable!) suivi immédiatement du repas : le délicieux Plov Kirghize, accompagné de thé.
Allez, une petite dernière, trinquons avec les Anglo-saxons.
Jour 9 - 2/10/2018 - Lac Yssyk Koul



Le bois de saule, souple et léger, peint en rouge, en constitue la structure. Les murs sont composés de 4 à 5 croisillons, les "kérègues", attachés entre eux par des cordes. Entre 2 kérègues, on place la porte d'entrée, donnant toujours au sud. Le toit, fait de 40 perches assemblées (représentant les 40 clans Kirghizes) appelées "Urukh" soutiennent le treillis. Au sommet, les perches cintrées s'appuient au Tunduk (cercle de bois fixé par des tiges, en son milieu). L'entrée est recouverte d'un couvre-porte en feutre, maintenu par une corde passée dans le tunduk. Nous aurons sûrement l'occasion de visiter une fabrique de yourtes l'année prochaine.
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gelée d'arbouse et koumis |
Tout le long de la route, verts paysages parsemés de robes noires des cheveux en liberté, j'adore cette image.
Nous stoppons au bord de la route pour visiter ce petit marché de produits régionaux. Ici, on vend de l'arbouse, un beau fruit orange vif dont on fait de la gelée, que les Kirghizes affectionnent autant que le miel. On trouve évidemment du Koumis (lait de jument fermenté au goût fort et fumé) et des Kourut (petites boules de fromage faites à partir de lait caillé) c'est très sec, salé. Le jaune vif du poisson séché se marie délicatement avec le violacé profond des mûres en pot de verre.
Nous traversons la ville portuaire de Balykchy, jolies maisonnettes de bois aux fenêtres bleues. Ici, la communauté Russe était très présente avant l'indépendance et les maisons sont toujours habitées et bien entretenues.




A la table d'à côté, un couple et une jolie jeune femme dinent, tout en nous jetant quelques regards à la dérobée. Alex va discuter avec eux et leur explique le but de notre voyage; ils nous saluent et sont ravis de faire notre connaissance. Quant à lui, c'est un peintre reconnu à Bichkek où il vit. Il a beaucoup travaillé pour l'Etat et il nous propose de lui rendre visite le lendemain dans son atelier. Echange de quelques photos, nous promettons de passer voir son travail et nous rentrons à Bichkek. Hôtel Madison Avenue, tout neuf. Bien.
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Peintre Kirghize |
Jour 10 - 3/10/2018 - Bichkek dernier jour
RV 8h 30 avec Alex pour notre dernier jour Kirghize. Balade au marché d'Och, le plus grand marché


On visite ensuite le marché de la viande. Tout est dépecé, découpé, étalé, étiqueté, vanté et vendu. Une tête de mouton noir sur un étal blanc me fait un peu chanceler. Ceci dit, aucune mouche égarée, tout est briqué sans cesse, c'est nickel. Un boucher ami d'Alex, engage la conversation et c'est parti pour l'énumération complète des Footballeurs Français, dans les moindres détails avec leurs points forts et faibles. La coupe du monde est passé par là! Nous n'y sommes vraiment pour rien. Etonnant comme deux touristes peuvent porter en elles tout la notoriété d'une équipe de vainqueurs. Il veut une photo avec nous. Allez, banco !

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vendeuse de Kourouts |
Je dessine une femme devant une montagne de crème battue, elle est compacte et douce, j'ai envie de la toucher mais ...bas les pattes c'est interdit.

La découverte de la ville de Bichkek met en lumière un élément prépondérant dans ce pays. Ici, on aime les Héros Nationaux et on les vénère. Dans le parc Panfilov, j'aperçois un alignement impressionnant de bustes de soldats appartenant à cette fameuse division qui résista vaillamment jusqu'à la défaite, sous les ordres dudit Général Panfilov.
Et pour revenir sur Lénine, contrairement aux voisins Ouzbeks, dans tout le pays, les Kirghizes n'ont pas déboulonné les statues de Lénine qui ont résistées aux soubresauts de l'Histoire. A Bichkek comme à Och, on voue toujours une reconnaissance fidèle au héros de la Révolution Bolchévique et "les frères Russes" représentent des alliés solides, visiblement très appréciés.
D'ailleurs, un héros national en appelle un autre... Au top du Panthéon des héros Kirghizes, figure MANAS, personnage incontournable de la mythologie littéraire et sa tradition orale. L'épopée de Manas serait la plus longue du monde (plus de 500.000 vers) loin devant le Mahabarata indien. C'est dire!!
Ces épopées sont contées par des Akyns, accompagnés d'un instrument à 3 cordes pincées, le Komouz. Elles relatent les exploits de Manas, le premier à rassembler et unifier les tribus Kirghizes. Avec ses 40 compagnons, il fera la guerre allant jusqu'à Pékin. Sur le chemin du retour, il succombe à ses blessures, laissant à son fils Semetey un pouvoir en lambeaux et la mission de continuer l'œuvre de son père. Il remplira son rôle avec panache, mais périra à son tour, transmettant le flambeau à son propre fils Seitek. Cette longue histoire en 3 parties relate ses aventures sur 3 générations, encore très vivaces dans la mémoire collective.

L'après midi, nous rendons visite à notre artiste Kirghize rencontré la veille, qui nous montre son travail. Il nous explique qu'il avait des commandes du pouvoir en place, des affiches politiques, des mots d'ordres, des messages à la population; vient une peinture plus personnelle, le portrait de son petit fils, dessins de nu et des peintures à l'huile de facture traditionnelle (ou pas) très maitrisée. Il y a toujours un petit clin d'œil ironique dans sa peinture. Il nous fait cadeau d'un très beau livre d'un de ses amis peintres. Merci encore. C'était un bel échange.
Portrait du petit fils de l'artiste local |

Et le soleil toujours présent |

La journée s'achève par un repas au restaurant typique, NAVOY, invitées par Alexandre et l'Agence. Mourad, un guide kirghize francophone nous rejoint, la soirée est chaleureuse et sympathique, tout est délicieux, comme le vin argentin avec lequel nous trinquons. "Attention, ici, si tu conduis, c'est tolérance zéro : pas un gramme d'alcool possible". Alexandre s'y plie naturellement. Il est bien ce garçon!
Jour 11 - 4/10/18 - Retour en France
Lever 2h du matin, l'avion Bishkek/Istanbul sur Pegasus décolle autour de 6 H.
Alexandre nous conduit à l'aéroport, nous prenons un petit déjeuner ensemble. Derniers moments échangés, il sera notre guide c'est un atout, il maîtrise parfaitement la langue française et il a compris notre attente. De plus, il veut faire partager l'amour sincère qu'il porte à son pays. Pas de doute, nous ferons un bon tandem. Nous nous quittons juste avant d'entrer en salle d'embarquement. A l'année prochaine, Alexandre.
Quelques dessins à l'aéroport d'Istanbul. Choquée par le noir ambiant.
Après l'explosion pacifique des bleus d'Ouzbékistan, les verts, ocrés, rouge Kirghizes, bienvenue dans un monde sans couleur, uniforme tristes des Stambouliotes voyageuses.... Comme ce pays a changé....
Ainsi se termine ce voyage au pays des yourtes, lacs d'altitude, prairies et montagnes immenses, sourires et accueil chaleureux.
J'espère qu'il vous aura plu et qui sait... peut-être vous donnera-t-il envie de venir avec moi pour le découvrir avec votre propre regard et vos crayons.
Stage prévu du 24/8 au 7/09/2019 Pourquoi Août ? Dans la bonne saison d'été et de tourisme, nous découvrirons les familles d'éleveurs nomades sur les alpages d'altitude dans leur yourte avec leurs troupeaux se régalant de l'herbe verte des grandes prairies.
Pour tout renseignement, envoyez un mail à asso.couleursvagabondes@hotmail.fr ou appelez moi au 06 16 18 27 01 -ci-dessous le flyer du stage. A ce jour, 25/1/19, il reste 3 places disponibles.