Lundi 24/09/2019 : J-1 Tachkent -Veille du départ pour le Kirghizstan
Le stage en Ouzbékistan du 14 au 24/9/18 vient de s'achever. Tout le monde s'est envolé très tôt ce matin pour la France. Restée sur place, j'accueille Cathy, copine "croqueuse lyonnaise" qui me rejoint à Tachkent pour partager une nouvelle aventure :
Découvrir et repérer les bons spots au Kirghizstan en vue d'un futur stage programmé en 2019.
Quel plaisir de flaner à Tachkent avec Iroda* et Cathy, pour le seul plaisir de la découverte et du dessin. Car Iroda dessine avec nous. Nous décidons d'aller faire un tour au Bazar de Chorsu, dans une partie inconnue, que nous allons découvrir. (*Pour les non initiés, Iroda est notre guide francophone Ouzbèke, devenue une amie, adorable petit bout de femme pétillante et passionnée.)
Circulation intense, Iroda se poste au bord de la chaussée. Immédiatement, une voiture banalisée stoppe à sa hauteur, puis une autre juste derrière. Cathy et moi, nous regardons interloquées. Appuyée à la vitre, elle négocie et nous fait signe "C'est OK, montez". Médusées, nous pénétrons dans le taxi.
Ici, tout le monde s'improvise taxi et si on n'est pas d'accord sur le tarif, le suivant acceptera sans doute. Incroyable! Un bref instant, j'imagine la révolution des taxis français si une telle mesure survenait chez nous.
Bazar de Chorsu, entrons sous les voûtes des marchands d'équipements divers pour la maison.
Les berceaux Ouzbeks semblent nous attendre. Peints de couleurs vives, les montants sont recouverts de bouliers vernis rouge, vert, jaune et au fond le fameux petit trou circulaire; nous croquons les BECHKIKS traditionnels. Les matelas et couvertures portent aussi le fameux petit trou rond. Juste à côté, j'achète des
Sumaks très bon marché, en bois brut. Pour moins de 5 Euros la paire.
Là, je sens que je vous dois une petite explication, car chaque fois que je montre ces "outils", les questions fusent "à quoi ça sert? C'est un instrument de musique, une flûte ? c'est pour fumer?"
Oups! Il ne s'agit pas de cet orifice....Evidemment, personne ne trouve la bonne réponse !
S'installe un dialogue surréaliste entre guide et touriste.
- Le Sumak se "pratique" au masculin ou au féminin.
- ???
- Il est l'ancêtre de vos Pampers!
- Comment ça?
- En Ouzbékistan , comme dans d'autres pays d'Asie Centrale, les nourrissons sont langés fermement du cou aux doigts de pieds, les bras maintenus le long du corps!
- Comme une momie? c'est barbare!
- Pas faux! Le sumak est en bois creux, on l'enfile dans le sexe du petit garçon, avant de le langer complètement, l'outil fixé verticalement est enfilé dans le trou du berceau au-dessus d'un récipient, qui recueille son urine. De même pour la petite fille, voyez la fente prévue à cet effet.
- Malin, mais on l'utilise toujours?
- Dans les campagnes oui. En ville, maintenant on achète des couches et les bébés sont moins langés qu'avant. J'ai utilisé un sumak pour ma fille ainée, pas la dernière.
- Bon, je les achète et les dessine, je vais avoir plein de questions, c'est super excitant!
C'est clair, au RV du Carnet de Voyage de Clermont, j'ai fait l'article! c'était drôle. Mais je m'éloigne du sujet.
Dans l'après midi, nous décidons d'aller au Musée National de Tachkent. Hélas c'est fermé. Mais tout près se tient le Palais Romanov. Cette superbe bâtisse du XIXe siècle, construite pour le Grand Duc Nicolas, cousin exilé du Tsar, était auparavant le Musée des Antiquités. Désormais, c'est un lieu privé de réception du Ministre des Affaires Etrangères. Malgré les grilles qui resteront désespérément fermées, nous dessinons à travers. Superbe architecture, les sculptures de chiens et de cerfs m'interpellent. Je mettrai la couleur plus tard.
Le crépuscule déploie son voile indigo sur la ville, pendant que nous croquons la statue d'Amir Timour (Tamerlan) sur la place de l'Indépendance. Ou comment remplacer Lénine par un héros national dépoussiéré.
Iroda nous conduit tout près, dans le restaurant populaire "Ugolok". Style très Union Soviétique, sa spécialité est le
poulet mangé à pleines dents avec les mains. Ne cherchez pas les fourchettes, il n'y en a pas.
D'abord un peu gênées, nous faisons comme tout le monde et oublions les "bonnes manières". L'ambiance est bon enfant et nous faisons connaissance avec nos voisins de table, une grande famille, qui fait moult photos avec nous. Les serveuses portent un drôle d'uniforme écossais et un calot rouge porté fièrement par toutes ces robustes dames, d'une efficacité (militaire?) redoutable. Iroda traduit le nom du restaurant par "le petit coin" et nous éclatons de rire.
Mardi 25/09/2018 - Jour 2 Départ pour le Kirghizstan
Départ 8 h - Train confortable et spacieux entre Tachkent et Andijan, vallée du Ferghana, région est, limitrophe avec la frontière Kirghize.
Notre trio doit arriver vers 13h 45. Iroda nous assistera pour passer la frontière et repartira le surlendemain. Bercées par le crissement puissant des rails, nous cédons à la torpeur. Le paysage change, les montagnes s'imposent, le train roule plus lentement. Arrêt dans une petite gare. Une petite fille en rouge joue avec un ballon ... rouge.
A la télé, un chanteur à la mode, bellâtre en costume blanc et nœud papillon déchaîne les foules. Très kitsch. S'imprègner de la culture locale.
J'en profite pour parcourir le Petit futé sur notre prochaine destination. Je découvre que la vallée du Ferghana assise sur les 2 pays est un foyer latent de wahhabisme, où des affrontements sanglants ont eu lieu en 2010. L'état Ouzbek surveille particulièrement cette région afin de prévenir de nouvelles tentatives. Soudain, un agent ferme tous les rideaux du train : nous traversons une enclave Tadjike. Vieux réflexe soviétique? pas le droit de regarder et ça dure un quart d'heure.... Et merci à Staline pour son découpage complexe et alambiqué des frontières.
14 h. Arrivée en gare d'ANDIJAN. Un taxi nous attend et nous dépose dans une Tchaïkhana de la ville où nous déjeunons. A 15h, nous reprenons la route. Champs de coton, vigne à profusion sur les pergolas, tuyaux de gaz jaune le long des routes, le paysage reste Ouzbek. Une demie heure après nous arrivons à
Och et passons la frontière à pied. IRODA s'énerve contre un agent qui refuse de nous faire passer devant tout le monde, car une préposée lui a dit qu'on pouvait passer sans s'arrêter au guichet! faux. On avance notre montre d'une heure.
De l'autre côté de la route, la file est interminable. Beaucoup d'Ouzbeks travaillent sur le sol Kirghize et réciproquement. Il faut dire que cette région est peuplée à 48% d'Ouzbeks. Och est la 2ème ville du pays et la plus importante de la vallée du Ferghana qui se partage des 2 côtés de la frontière. il existe beaucoup d'universités ici et une Ecole de foot en relation avec la Fifa vient d'être créé.
Alexandre, notre guide, jeune homme blond aux yeux bleus de 35 ans, nous accueille avec gentillesse et courtoisie. Kirghize d'origine russe, il parle couramment français, anglais, allemand, russe. Nous aurons l'occasion de découvrir son érudition et son amour de la patrie. Nous partons en voiture déposer nos valises à l'hôtel Classic.
A 18 h, Alexandre a prévu la visite du "musée du trône de Salomon" installé sur une colline dominant la ville, ponctuée de grottes. Hélas, il vient de fermer. Ca grimpe sec, des escaliers parfois glissants et la nuit tombe rapidement. Des ados font leur footing, montent et descendent à toute allure parmi les promeneurs. On arrive au sommet à la nuit tombée : une petite salle de prière creusée dans la roche et un drapeau Kirghize. Panoramique sur toute la ville. Oui, bon, on ne fera pas dessiner un groupe sur ce spot.
Redescendus dans la ville, nous visitons une yourte à 3 étages, accueillant un petit Musée dédié à Alymbeck Datka, personnage célèbre, bienfaiteur local et coordinateur des différentes tribus nomades du pays. Nous aurons l'occasion d'en entendre parler souvent.
Les shyrdaks brodés (tapis de yourtes) affichent des motifs récurrents que je dessine rapidement. Ils représenteraient des guerriers. Bon thème pour l'année prochaine.
Mercredi 26/09/2018 Jour 3- OCH et ses environs
9h . Fanfare et parade militaire sur la place Lénine devant la statue du héros qui nous toise fièrement.
"Ici, nous explique Alexandre, nous n'avons pas déboulonné les statues de Lénine, que nous considérons comme un bienfaiteur de la nation. Pour Staline, c'est fait depuis longtemps. Vous constaterez que nous gardons aussi de bonnes relations avec nos frères Russes, partenaires économiques et alliés puissants."
Au début, ça interpelle, puis on s'en accommode. Restons ouvert à cette culture et son état d'esprit pour comprendre, c'est la moindre des choses.
Nous partons visiter et dessiner le grand marché d'Och. Immense construction de bric et de broc, couverte par endroits. Les secteurs sont bien déterminés, légumes, fruits frais ou secs, viande, fromages et produits laitiers, vêtements. Iroda essaie des chapeaux et j'achète un Kalpak traditionnel. Il est en feutre (bien sûr, c'est LA matière première ici) assez haut, ses bords sont retournés (ou pas) et il porte un motif Kirghize. Ce sont surtout les hommes des campagnes qui les portent.
Un petit dessin sur le marché c'est parti pour Cathy et moi. Le soleil tape fort, je mets mon Kalpak pour me protéger.
Ici, les gens sont très sympas et nous acceptent sur leur stand avec un grand sourire. Ils s'amusent de se voir croqués dans nos carnets. Et comme souvent, les photos fusent. J'ai fait une mine patibulaire à ce brave homme pourtant aimable et ravi.
A 13h Alexandre nous conduit à l'Ethno café, abrités du soleil sous de grandes terrasses en bambou et une douce musique d'ambiance en prime; les spaghettis locaux sont délicieux.
Nous partons en voiture aux alentours d'Och, jusqu'au col Chyryrchyk à 2400 mètres d'altitude. Nous découvrons le jailoo (pâturage d'été en altitude) vide hélas. Les éleveurs nomades l'ont déjà quitté. Plus une seule yourte, seule une roulotte bleue et quelques cabanes apportent une touche colorée aux alpages. Les troupeaux sont descendus dans la vallée et nous les retrouverons très nombreux sur les routes, où ils ont priorité. Forcément !
Nous continuons jusqu'à Gulcha, village accueillant un nouveau musée dédié à Kourmanjan Datka (1811 - 1907), l'épouse d'Alymbeck, véritable héroïne. Surnommée "la Tsarine de l'Alaï", elle connait un destin hors du commun. Née dans une riche famille d'Och, elle refuse à 18 ans d'épouser le mari qu'on lui impose et s'enfuit en Chine. Plus tard, elle regagne la maison familiale. En 1831, Alymbeck Datka, Dirigeant local régnant sur les tribus Kirghizes de l'Alaï la rencontre et séduit par cette forte femme, la demande en mariage. Il lui plait, elle accepte . Ils vivent heureux 30 ans durant, jusqu'à l'assassinat d'Alymbeck. Kourmanjan, reconnue par les Khans de Boukhara et Kokand, reçoit alors le titre de Datka, réservé aux rois de la région. En 1876, l'Alaï est annexé par l'Empire Russe : elle demande à son peuple d'accepter la situation. Elle décède à 96 ans, âge exceptionnel pour l'époque.
Le village de Gulcha me semble triste et le musée manque totalement de lumière pour le rendre attrayant, même s'il est intéressant.
Jeudi 27/9/18 Jour 4 - Départ pour Ouzgen puis Arslanbob
Ce matin, Iroda est partie très tôt, Alexandre l'a reconduite à la frontière. Il nous récupère à l'hôtel. Nous quittons Och ce matin pour commencer doucement notre périple vers les lacs.
Première étape Djametourmouch. Stop pour dessiner les marchandes de pastèques au bord de la route : c'est tentant et ce sera rapide.
Alex nous prend en photo avec notre dessin d'un quart d'heure.
Direction Ouzgen, ex ville fortifiée du Khanat Turc. Elle fut la capitale de l'état Karakanide à la fin du Xe siècle. Ici les édifices sont en brique nue et terracota finement ciselées de motifs d'une délicatesse raffinée, mais ne sont pas recouverts de faïences multicolores comme en Ouzbékistan. Monochrome, simplicité, finesse, authenticité, personnellement j'aime beaucoup.
|
Minaret d'Ouzgen |
Jus colorés bleu et ocré, après séchage, je dessine au feutre brun le minaret du XIème siècle. Suite à un tremblement de terre, sa hauteur est passée de 45 m à 22 mètres. Il a d'ailleurs un petit air penché. Dans le périmètre, trois beaux mausolées sont en réfection : Le premier est celui de Nasr-Ibn-Ali. Ses magnifiques pierres sculptées et la couleur brique rosée me fascinent. Vestiges de la Route de la Soie. Ca fait rêver...
Mais le marché d'Ouzgen est célèbre et j'adore tellement ça. Immense et animé, je m'y sens bien : Ouzbeks et Kirghizes locaux aucun touriste sauf nous; on nous hèle joyeusement "d'où venez-vous, où allez vous ensuite?" Les énormes sacs de riz rouge brique m'interpellent et je pose la question. "Ici, on conserve le riz dans l'argile rouge, c'est pourquoi il a cette couleur." Etonnant.
Le soleil flirte aves les tentures délavées des stands restituant de multiples tâches de couleur partout, un tableau, un jardin... L'indigo rayé joue avec la rouille, l'argile, la jute et les vives écritures cyrilliques des sacs de polypropylène contenant céréales, farines, lentilles, épices. Une très jolie femme au foulard vermillon nous interpelle et après le rituel "d'où venez-vous?" je demande si nous pouvons la dessiner. Elle accepte et je me lance. Alexandre traduit "Je m'appelle Cunsulu et j'ai 5 enfants et 2 petits enfants. Et toi, tu as des enfants, tu as quel âge?" Quand elle découvre son portrait, stupéfaite, elle lance un "Oh!!!" en roulant les yeux et rit à gorge déployée. Je lui confirme qu'elle est aussi belle en vrai. Elle semble sincèrement heureuse et me tend une poignée de bonbons avec un sourire lumineux. Un jeune homme prend la photo pour le souvenir. Quels bons moments nous avons passé ici, c'était gai, chaleureux, direct. Un échange presque sans parole mais tellement sincère, ça vous porte. Comme en Inde, la population est très curieuse des touristes mais sans malice et à fortiori avec des crayons et du papier! Ca créé un lien formidable, cœur palpitant du voyage.
A midi, dans le marché, Alexandre nous fait essayer une vraie Tchaïkhana locale : pas de menu affiché, chaque jour c'est pareil. On essaie les samsa, pâtés à la viande ou aux pommes de terre, mais il y a autant de gras que de viande; je me force un peu. Non, trop écoeurée, je lâche l'affaire. On peut dire que j'aurai essayé.
Nous reprenons la route, traversant Djalalabad, 3ème ville du pays, où écoles coraniques et mosquées se succèdent. Nous arrivons enfin vers 18 h à Arslanbob, notre destination du soir, site très prisé du temps de l'Union Soviétique, en raison de ses sanatoriums d'altitude. La montagne Babash-Ata domine le village situé à 2500 mètres, célèbre pour son immense forêt de noyers de plus de 11000 hectares.
|
une grange à Arslanbob |
|
Nos hôtes à Arslanbob |
Loger chez l'habitant au Kirghizstan c'est facile. Nous nous rendons au Bureau local CBT, organisme créé par des Suisses, qui propose un vaste choix de logements. Rayat, responsable local est également guide de montagne et parle un peu français. Alexandre choisit une maison dont les sanitaires sont à l'intérieur. Notre grande chambre a 3 lits mais il fait assez frais, altitude oblige. Un pull est le bienvenu. Juste avant la nuit, nous sortons visiter le village, repérant des spots à croquer pour le lendemain.
Vers 19 h, notre hôtesse apporte le repas que nous partageons avec d'autres voyageurs, assis sur le tapchan, jambes repliées sous les fesses (Aïe!!!). Crudités, pastèque et plov maison, délicieux ! Alexandre a acheté des bières et nous trinquons.
Puis nous faisons le point sur le circuit, donnant notre avis sur les lieux intéressants ou moins. Il propose de modifier le parcours à partir du lendemain, afin que nous voyons les plus beaux sites du pays et surtout les lacs et on reprend tout à zéro. "Banco, on te fait confiance!"
Jour 5 -Vendredi 28/09/2018 - d'Arslanbob à Kyzyl Oï
Cathy et moi sortons dessiner quelques maisons avant le départ. 9 h : une jeep de l'armée antique et défoncée, conduite par un ancien du même âge, nous récupère au gite. Cette forêt appartient à l'Etat qui en a cédé 1 hectare à chaque famille, qui l'exploite. De petits piquets délimitent les parcelles.
Il faut une demi heure pour atteindre enfin notre but. La route est raide, toute en lacets et bien défoncée. Comme les amortisseurs. C'est long et douloureux. Ouf! il coupe le moteur.
Ce lieu est magique, immédiatement je m'y sens bien, on respire à pleins poumons. Des noyers immenses s'élancent sous le bleu du ciel, les feuilles douces recouvrent le sol, que c'est bon de marcher sur ce tapis. Ca et là, de petites bicoques recouvertes de plastique ont été installées par des familles attendant la toute prochaine récolte de noix. Et nous voilà hélés par une petite mamie toute ridée nous invitant à prendre le thé chez elle. C'est bien propret, des tapis "moulticolores" comme dirait Iroda, recouvrent le sol et un petit poêle à bois nous réchauffe rapidement.
Tadjakhal distribue des gâteaux et son petit fils la rejoint dans la cabane. Alexandre explique que nous sommes des artistes!! Beau souvenir de cette forêt. Après le repas pris chez Nazira Apa d'Arslanbob qui propose aussi un grand logement qu'elle nous fait visiter, je la dessine et lui offre, elle est ravie et espère nous revoir chez elle avec le groupe.
Nous reprenons la route. A 17 h nous stoppons pour la photo à Tach-Komour, ville du 2ème barrage
|
Arrivée au Lac Toktogul |
hydro électrique sur la rivière Naryn qui se jette dans la Syr Daria. Les sublimes roches rouge tranchent sur le vert des pâturages. Les troupeaux de chèvres et moutons transhument et passent sur la chaussée ralentissant la circulation, de jeunes cavaliers à cheval les guident.
Nous arrivons à 19 h au lac Toktogul. C'est aussi un barrage servant à l'irrigation et à la production d'électricité revendue à ses voisins Ouzbeks tout proches. Il porte le nom d'un poète Kirghize Toktogul Satilganov et s'écoule sur 65 km. Le soleil nous présente son dernier show, c'est magique. Nous logeons dans une Guest house de type soviétique mais notre chambre confortable a vue sur le lac. Diner au restaurant assis sur des balancelles : crudités, soupe de lentilles et poivrons farcis.
Jour 6 - Vendredi 29/09/2018 - Du lac Toktogul à Kyzyl Oï
Petit déjeuner gourmand avec omelette et riz au lait délicieux, nous sommes fin prêtes pour aller dessiner au bord du lac sous un ciel radieux. La saison touristique est terminée mais je vois bien peu d'équipements, un peu spartiate mais agréable. Je trempe la main dans l'eau, frisquet!
13h. Arrêt pour le repas à Chychkan dans une vaste auberge au bord de la rivière du même nom. On visite les bâtisses qui peuvent recevoir beaucoup de touristes. Il y a une gloriette au dessus de la rivière et un groupe de femmes Kirghizes arrivées juste après nous, engagent la conversation. Elle vont à un festival sur les mûres et fruits rouges. Certaines ont visité la France. Photos échangées. Nous mangeons une délicieuse truite d'élevage, fraîche à souhait.
|
La Rivière Naryn |
La route grimpe, ponctuée tout au long de taches de couleurs vives : les ruches forment de véritables villages c'est beau, ça invite au dessin. Toujours plus haut le col d'Alabel à 3175 mètres d'altitude.
|
Alex sur le pont |
|
Manas ce héros ! |
Ici, le massif du Tianshan sépare la vallée de Talas, ville natale de Manas personnage légendaire incontournable dont je reparlerai plus tard !
En haut du col d'Otmök, trône fièrement sa nouvelle statue toute rouge.
Vers 18 H, nous arrivons à Kyzil Oï, petit village où nous dormirons cette nuit. Le froid s'installe. Une coupure d'eau générale dans le village nous empêche d'apprécier pleinement notre maison chez l'habitant, bonus les toilettes sont à l'extérieur.
Nous faisons un tour dans le village, les éleveurs emmènent le bétail à la ville voisine où ils seront vendus au marché du dimanche de Bishkek. Le repas est pantagruélique, nous arrêtons notre hôtesse qui veut nous resservir et Alex lui suggère de le conserver dans une boite hermétique pour le pique-nique du lendemain.
Encore un point sur notre futur circuit pour le stage de l'année prochaine. On élimine toute la partie ouest du voyage, ce que nous venons de parcourir. Départ et retour à Bishkek, nous ferons une boucle autour des lacs qui seront notre sujet numéro un. Vendu!
Jour 7 - Samedi 30/9/18 - Vers le lac Song Kul
Petit dej et toilette de chat. Un peu d'eau dans un seau fait l'affaire! Nos hôtes sont vraiment sympas
et la maison bleue a une architecture russe prononcée qui m'a vivement interpellée la veille. Nous la dessinons.
Sur la colline au dessus des champs dorés, des mausolées typiques et colorés surplombent majestueusement le village. Ici, des plaques de verre dépoli scintillent au soleil, là une armature en forme de yourte, de véritables maisonnettes en brique ou métal sont agencées, portant parfois le buste du défunt. Ils se sont multipliés dans les années 1920 / 1930 et depuis l'arrivée de l'Islam. Ils ne sont pas très bien entretenus par la population. Nous retrouverons souvent ces grands cimetières décorés, véritables spécificités ornementales du pays, reflet d'une époque révolue. Celui-ci a ma préférence.
La route déroule ses magnifiques panoramas et nous admirons ces paysages de bout du monde déployant des graphismes aux teintes insensées. Le col Karakaché culmine à 3140 m. Les fameux "rochers rouges" côtoient une sorte de langue de chair saumon, virant au translucide. Plus loin, la rivière Jongal se faufile dans les gorges escarpées. On attaque la piste. Arrêt vers 13 h pour le pique-nique. Alex a tout prévu, le petit réchaud, le plat de la veille, fruits, boisson. Un régal champêtre. Et le lieu a tout pour nous séduire. Vite une aquarelle.
Après les paysages colorés, la montée se fait raide et la végétation beaucoup plus rare.
|
notre yourte pour 2 |
Des traces de campement traînent ça et là, et soudain au loin, une respiration bleue, le lac Song Kul, mais il faut rouler encore et encore avant d'atteindre ses rives. A 17 h, la voiture stoppe. Ici, il reste 5 yourtes pour touristes attardés comme nous. Pour la cuisine et restaurant, une grande yourte est prévue.
Cathy et moi logerons sous la n°2, intérieur coquet et petit poële à bois vite allumé et alimenté régulièrement.
La température avoisine les 2 degrés. On a juste le temps pour une aquarelle du site avant la nuit.
|
la yourte restaurant |
Le camp appartient à une famille d'éleveurs Kirghizes, qui trouve ainsi une opportunité de gagner un peu d'argent avec le tourisme. Ils sont adorables, aux petits soins et bons cuisiniers.
Frange de cimes dentelées sous un ciel hésitant, les flots du lac Song Kul passent vivement de l'émeraude à l'outremer. Panorama féérique à 3016 m d'altitude.
19 h : il est temps de penser à l'apéro. Cathy a acheté une bouteille de vodka, on va se réchauffer selon la bonne vieille méthode locale. Un couple de Suisses, accompagné d'une guide et d'un chauffeur logent à côté de nous. Nous passons une chouette soirée en leur compagnie et chacun porte des toasts, à qui mieux mieux! Dans la pénombre je fais le portrait de Marat le chauffeur, Kaïrat le cuisinier, et Nourayat, jeune guide qui part bientôt vivre aux Pays-Bas.
21h : Extinction des feux et surtout très peu d'essence dans le générateur. Nous nous couchons sous les couvertures douillettes. Un jeune homme vient recharger le poêle et le lac berce nos rêves immenses. Le marchand de sable passe à toute vitesse.
Jour 8- 01/10/2018 - de Song Kul à Issyk Kul
Crêpes au petit déjeuner ! j'en rêvais. Pour la toilette, ce sera lingette ce matin, car notre cabinet de toilette en plein air ne me semble pas opportun vu la température. Ce matin le jailoo recouvert de givre semble un paysage abstrait.
|
cabinets de toilette de plein air |
Une yourte doit être démontée. Cathy et le couple Suisse apportent leur aide. C'est plus rapide à plusieurs. On découvre alors la magnifique ossature de la dame. ROUGE vermillon. Super! Alexandre nous propose de nous conduire en voiture juste en bas de la colline qui surplombe le lac pour un dernier dessin du site. Le soleil commence à taper fort et la température s'élève. Je quitte les couches de laine et dessine en tee-shirt sur mon petit carnet accordéon. J'adore ce paysage solitaire et désolé. Ca prête vraiment à la méditation. Juste après, nous partons visiter un camp de yourtes "Aksaï Travel" très bien organisé avec cabinets de toilettes fermés. Nickel!
Reprenant la piste nous traversons la chaîne du Song Kul à 3880 m d'altitude, en empruntant le col Tieskeï-Torbok à 3450 mètres, jamais fermé même en hiver. La route "serpentine" exige toute l'attention d'Alexandre et nous traversons le Parc National de Naryn où courent les bouquetins. Je me fais la réflexion qu'on n'a croisé aucune voiture depuis ce matin, mais des troupeaux de moutons, chèvres, chevaux. Fin de la piste. Nous arrivons à la Nationale qui relie Bishkek, et stoppons sur le bord de la route : le Koumis Bazar se distingue par les roulottes vertes qui parsèment le site où sont vendus produis laitiers, koumis, fromages. Ce ferait un bon sujet de dessin, mais nous n'avons hélas, pas le temps.
A Koykop, nous visitons une fabrique artisanale de feutres, tapis, chapeaux, vendus aux touristes, C'est une coopérative de femmes qui gère l'ensemble. Le feutre est la spécialité de la région. La dame nous explique la fabrication et Cathy très intéressée, lui pose moult questions. J'achète un couvre thé et Cathy des chapeaux. On retrouve les motifs récurrents Kirghizes rouges ou marron. Un beau savoir-faire que nous encourageons.
Plus tard sur la route, arrêt pour prendre quelques photos des cimetières. Les mausolées présentent des formes et des couleurs différentes, particulièrement intéressantes au milieu des poteaux électriques. Je confirme "un bon sujet de dessin." Alex dit "tout le monde ramène quelque chose de la montagne, des moutons, des vaches, des chèvres" et je rétorque ... "et des touristes"...
Il reste 1 h 30 de route pour atteindre le lac Issyk Koul à 1606 mètres d'altitude. C'est le plus grand lac du pays : 161 Km de long sur 60 de large, une véritable mer quand on est sur la rive.
18 h Arrivée au Yurt Camp Bel Tam, situé sur la rive sud.
Ce campement idéalement placé en bordure du lac est très agréable et ne ressemble pas du tout au précédent. Ici c'est un peu "camping à la ferme". Bonheur, il y a des douches bien chaudes, c'est nickel pour le shampooing. Encore pas mal de touristes : anglais, australiens, israéliens, coréens, russes, français. On se retrouve à 19 h avec Alexandre pour l'apéro (alors, il faut la finir cette vodka, diable!) suivi immédiatement du repas : le délicieux Plov Kirghize, accompagné de thé.
Allez, une petite dernière, trinquons avec les Anglo-saxons.
Jour 9 - 2/10/2018 - Lac Yssyk Koul
Nuit parfaite, petit déjeuner très varié sous la "yourte restaurant", nous sommes fin prêtes pour dessiner ce matin le paysage idyllique. Je me place d'abord du côté gauche du lac et quand j'ai terminé, je me retourne pour la partie droite. Dans ce pays, la montagne n'est jamais loin, quelques vaguelettes s'étirent mollement sur les galets. Je tâte la température, c'est correct, on pourrait presque se baigner. Comme c'est bon de profiter du soleil matinal et de ces eaux calmes, on fait le plein d'une saine énergie.
Il reste du temps avant de songer au repas je continue mes dessins. Passe Ayzada, jeune femme enceinte de l'équipe logistique. Intriguée, elle se penche pour voir ce que je fais, tellement absorbée, je lui souris et échange un peu avec elle en anglais. Je lui demande si je peux la dessiner. Pas de réponse. A-t-elle compris? 5 minutes plus tard, elle regarde son portrait terminé et je la vois sourire. Je tourne les pages du carnet, elle s'émerveille. Sérénité d'un instant de partage, parole inutile.
Le symbole du drapeau Kirghize est le Tunduk, clé de voûte des yourtes, ce qui m'amène, très à propos, à parler de la fabrication de la yourte traditionnelle.
Le bois de saule, souple et léger, peint en rouge, en constitue la structure. Les murs sont composés de 4 à 5 croisillons, les "kérègues", attachés entre eux par des cordes. Entre 2 kérègues, on place la porte d'entrée, donnant toujours au sud. Le toit, fait de 40 perches assemblées (représentant les 40 clans Kirghizes) appelées "Urukh" soutiennent le treillis. Au sommet, les perches cintrées s'appuient au Tunduk (cercle de bois fixé par des tiges, en son milieu). L'entrée est recouverte d'un couvre-porte en feutre, maintenu par une corde passée dans le tunduk. Nous aurons sûrement l'occasion de visiter une fabrique de yourtes l'année prochaine.
|
gelée d'arbouse et koumis |
Déjeuner 13 h : dégustation des Oromos, sorte de ravioli vapeur à la viande et pomme de terre. Pas de graisse cette fois, c'est délicieux. Nous quittons le camp pour remonter doucement vers Bishkek, car notre voyage touche hélas à sa fin....
Tout le long de la route, verts paysages parsemés de robes noires des cheveux en liberté, j'adore cette image.
Nous stoppons au bord de la route pour visiter ce petit marché de produits régionaux. Ici, on vend de l'arbouse, un beau fruit orange vif dont on fait de la gelée, que les Kirghizes affectionnent autant que le miel. On trouve évidemment du Koumis (lait de jument fermenté au goût fort et fumé) et des Kourut (petites boules de fromage faites à partir de lait caillé) c'est très sec, salé. Le jaune vif du poisson séché se marie délicatement avec le violacé profond des mûres en pot de verre.
Nous traversons la ville portuaire de Balykchy, jolies maisonnettes de bois aux fenêtres bleues. Ici, la communauté Russe était très présente avant l'indépendance et les maisons sont toujours habitées et bien entretenues.
Alex parle alors de la Communauté Doungane installée dans cette région à la fin du XIXème siècle. Ethnie chinoise de confession musulmane sunite, ils sont restés très attachés à leur langue et leurs traditions. Ils représentent 1% du pays et sont réputés pour être les meilleurs agriculteurs du pays, loin devant les Ouzbeks. Dans la ville de Tokmok, créé en 1867, ils représentent la majorité (80 %) et cultivent une tradition d'hospitalité. "Vous reconnaîtrez une maison Doungane au fait que la porte d'entrée reste ouverte toute la journée", ils disent "il faut saluer le bonheur pendant la journée et fermer la nuit".
Nous arrivons enfin à la fameuse tour de Burana, l'un des sites les plus remarquables du pays. Construit au Xème siècle à Balasagun, ville fondée par les Karakhanides, sa hauteur initiale de 45 mètres est passée à 25 , suite aux nombreux tremblements de terre. Burana "minaret" en langue arabe, fut construite sur l'ordre du roi pour y enfermer sa fille dont une prophétie avait prédit sa mort à l'âge de 18 ans. Cependant, loin de la mettre à l'abri, elle succomba à 18 ans, à la morsure d'une araignée karakurt : la tour devint son mausolée.
Sur ce site, s'élèvent de nombreuses stèles funéraires de l'époque Turque (VIème siècle) appelés "balbals", ainsi qu'un musée. Une aquarelle rapide du minaret sans dessin préalable trouve se place entourée des montagnes toutes proches embrumées de nuages folâtres. Et le soleil se couche.
|
Minaret de Burana délicieusement penché |
Vers 19h, à la nuit tombée, Alexandre nous conduit dans un parc immense ponctué de palmiers lumineux rouge, jaune, verts clinquants, un mini lac où s'ébattent des cygnes, un grand hôtel et vaste restaurant où un type improbable en survêtement noir, chante seul; il semble sorti direct de son champ labouré ou de la traite des vaches. Contre toute attente, le repas est délicieux, salade de champignons, soupe de nouilles chinoises et mantis, fameux raviolis aux épinards et viande.
|
Peintre Kirghize |
A la table d'à côté, un couple et une jolie jeune femme dinent, tout en nous jetant quelques regards à la dérobée. Alex va discuter avec eux et leur explique le but de notre voyage; ils nous saluent et sont ravis de faire notre connaissance. Quant à lui, c'est un peintre reconnu à Bichkek où il vit. Il a beaucoup travaillé pour l'Etat et il nous propose de lui rendre visite le lendemain dans son atelier. Echange de quelques photos, nous promettons de passer voir son travail et nous rentrons à Bichkek. Hôtel Madison Avenue, tout neuf. Bien.
Jour 10 - 3/10/2018 - Bichkek dernier jour
RV 8h 30 avec Alex pour notre dernier jour Kirghize. Balade au marché d'Och, le plus grand marché
du pays où les étals regorgent de légumes, fruits frais et secs, épices multicolores, graines étranges, de drôles de "frites" aux couleurs vives, fluo, je me demande bien ce que c'est!
J'achète des fèves séchées découvertes dans ce pays, des noix et de kurut (fromage au lait caillé) aux formes diverses et tarabiscotées. Je dessine une vendeuse de fromages, riz et céréales, qui n'avait pas prêté attention à moi et éclate de rire quand je lui montre son portrait.
On visite ensuite le marché de la viande. Tout est dépecé, découpé, étalé, étiqueté, vanté et vendu. Une tête de mouton noir sur un étal blanc me fait un peu chanceler. Ceci dit, aucune mouche égarée, tout est briqué sans cesse, c'est nickel. Un boucher ami d'Alex, engage la conversation et c'est parti pour l'énumération complète des Footballeurs Français, dans les moindres détails avec leurs points forts et faibles. La coupe du monde est passé par là! Nous n'y sommes vraiment pour rien. Etonnant comme deux touristes peuvent porter en elles tout la notoriété d'une équipe de vainqueurs. Il veut une photo avec nous. Allez, banco !
|
avalanche de fruits secs |
|
vendeuse de Kourouts |
On profite encore de ce marché où tout s'étale à profusion. Les pains comme en Ouzbékistan en forme de couronne, les fruits secs tellement variés et bien présentés, les fromages au lait caillé et ses formes multiples et variées...
Je dessine une femme devant une montagne de crème battue, elle est compacte et douce, j'ai envie de la toucher mais ...bas les pattes c'est interdit.
Plus tard, quittant le marché, nous rencontrons Khodja, un Aksakal (vieillard vénérable)mendiant. Alexandre, notre porte parole, lui demande si nous pouvons le dessiner. Moyennant une obole, il accepte. Il a une superbe prestance avec sa longue barbe...
La découverte de la ville de Bichkek met en lumière un élément prépondérant dans ce pays. Ici, on aime les Héros Nationaux et on les vénère. Dans le parc Panfilov, j'aperçois un alignement impressionnant de bustes de soldats appartenant à cette fameuse division qui résista vaillamment jusqu'à la défaite, sous les ordres dudit Général Panfilov.
Et pour revenir sur Lénine, contrairement aux voisins Ouzbeks, dans tout le pays, les Kirghizes n'ont pas déboulonné les statues de Lénine qui ont résistées aux soubresauts de l'Histoire. A Bichkek comme à Och, on voue toujours une reconnaissance fidèle au héros de la Révolution Bolchévique et "les frères Russes" représentent des alliés solides, visiblement très appréciés.
D'ailleurs, un héros national en appelle un autre... Au top du Panthéon des héros Kirghizes, figure MANAS, personnage incontournable de la mythologie littéraire et sa tradition orale. L'épopée de Manas serait la plus longue du monde (plus de 500.000 vers) loin devant le Mahabarata indien. C'est dire!!
Ces épopées sont contées par des Akyns, accompagnés d'un instrument à 3 cordes pincées, le Komouz. Elles relatent les exploits de Manas, le premier à rassembler et unifier les tribus Kirghizes. Avec ses 40 compagnons, il fera la guerre allant jusqu'à Pékin. Sur le chemin du retour, il succombe à ses blessures, laissant à son fils Semetey un pouvoir en lambeaux et la mission de continuer l'œuvre de son père. Il remplira son rôle avec panache, mais périra à son tour, transmettant le flambeau à son propre fils Seitek. Cette longue histoire en 3 parties relate ses aventures sur 3 générations, encore très vivaces dans la mémoire collective.
Quelques achats dans un magasin de souvenirs avant de rendre visite à Arlan, responsable de l'agence Asia Expéditions. Rien à voir avec le faste des bureaux ou agences de voyage françaises, ici, on est entassés dans des petits bureaux, même le patron partage le sien. L'important, c'est l'efficacité, pas le tape-à-l'oeil. Ils nous emmènent manger dans un beau restaurant Italien chez Mario, la pizza à la pâte ultra fine est délicieuse. Un bon moment pour faire connaissance avec Arlan et lui expliquer notre projet de l'année prochaine, il trouve ça intéressant et fera le maximum pour que tout se passe au mieux, j'en suis certaine.
|
Portrait du petit fils de l'artiste local |
L'après midi, nous rendons visite à notre artiste Kirghize rencontré la veille, qui nous montre son travail. Il nous explique qu'il avait des commandes du pouvoir en place, des affiches politiques, des mots d'ordres, des messages à la population; vient une peinture plus personnelle, le portrait de son petit fils, dessins de nu et des peintures à l'huile de facture traditionnelle (ou pas) très maitrisée. Il y a toujours un petit clin d'œil ironique dans sa peinture. Il nous fait cadeau d'un très beau livre d'un de ses amis peintres. Merci encore. C'était un bel échange.
|
Et le soleil toujours présent |
Promenade dans la ville, monuments, places, galeries, grands parcs arborés, rencontres avec des jeunes étudiantes trop heureuses d'échanger des photos avec nous, dans un anglais approximatif, mais on s'est comprises. Elles aiment beaucoup le peuple Français. J'avais remarqué qu'ici on nous aimait bien. Merci les filles, vous êtes bien craquantes.
La journée s'achève par un repas au restaurant typique, NAVOY, invitées par Alexandre et l'Agence. Mourad, un guide kirghize francophone nous rejoint, la soirée est chaleureuse et sympathique, tout est délicieux, comme le vin argentin avec lequel nous trinquons. "Attention, ici, si tu conduis, c'est tolérance zéro : pas un gramme d'alcool possible". Alexandre s'y plie naturellement. Il est bien ce garçon!
Jour 11 - 4/10/18 - Retour en France
Lever 2h du matin, l'avion Bishkek/Istanbul sur Pegasus décolle autour de 6 H.
Alexandre nous conduit à l'aéroport, nous prenons un petit déjeuner ensemble. Derniers moments échangés, il sera notre guide c'est un atout, il maîtrise parfaitement la langue française et il a compris notre attente. De plus, il veut faire partager l'amour sincère qu'il porte à son pays. Pas de doute, nous ferons un bon tandem. Nous nous quittons juste avant d'entrer en salle d'embarquement. A l'année prochaine, Alexandre.
Quelques dessins à l'aéroport d'Istanbul. Choquée par le noir ambiant.
Après l'explosion pacifique des bleus d'Ouzbékistan, les verts, ocrés, rouge Kirghizes, bienvenue dans un monde sans couleur, uniforme tristes des Stambouliotes voyageuses.... Comme ce pays a changé....
Ainsi se termine ce voyage au pays des yourtes, lacs d'altitude, prairies et montagnes immenses, sourires et accueil chaleureux.
J'espère qu'il vous aura plu et qui sait... peut-être vous donnera-t-il envie de venir avec moi pour le découvrir avec votre propre regard et vos crayons.
Stage prévu du 24/8 au 7/09/2019 Pourquoi Août ? Dans la bonne saison d'été et de tourisme, nous découvrirons les familles d'éleveurs nomades sur les alpages d'altitude dans leur yourte avec leurs troupeaux se régalant de l'herbe verte des grandes prairies.
Pour tout renseignement, envoyez un mail à
asso.couleursvagabondes@hotmail.fr ou appelez moi au 06 16 18 27 01 -ci-dessous le flyer du stage. A ce jour, 25/1/19, il reste 3 places disponibles.